Des cobayes humains sur le marché ?

Depuis 2 mois une entreprise belge se fait payer pour recruter des “cobayes humains” appelés à participer à des essais cliniques. Une terminologie et une logique commerciales dénoncées par le Pr Claude Huriet, président de l’Institut Curie.

Aujourd’hui sénateur honoraire, Claude Huriet est le co-auteur de la loi Huriet-Sérusclat de 1988, qui encadre en France le recrutement de volontaires pour des essais cliniques. “Je tiens tout d’abord à souligner mon opposition à utiliser le terme de cobaye humain” nous a-t-il confié. “Les dispositions de la loi de 1988 visaient justement à le faire disparaître du vocabulaire. Car à partir du moment où l’on exige le consentement d’une personne, il ne s’agit plus d’un cobaye. C’est clair“.

Or Volterys, c’est son nom, n’hésite pas à communiquer sur ce thème. A tel point qu’elle en a presque fait son slogan et son emblème, qui signe ses communiqués de presse. Mais au-delà de l’emploi de ce mot, c’est le mécanisme de recrutement de Volterys qui semble critiquable. “Cette logique est à mon sens trop commerciale. Appliquer le principe d’un site de rencontre à la recherche est condamnable sur un plan éthique“. En effet, l’entreprise belge propose tout simplement aux chercheurs une base de données, dans laquelle ils font en quelque sorte leur marché. Une démarche qui certes a le mérite de leur faire gagner du temps. Mais comme le rappelle Claude Huriet, le risque de dérapage est grand. “Je crains que cette pratique ne se fasse sur le dos des volontaires“…

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  Source : communiqués de presse Volterys, 14 juin, 6 juillet et 17 juillet 2006 ; interview du Pr Claude Huriet, 13 juillet 2006; Illustration Communiqués de Presse Volterys