Des « croûtes » plein les yeux ?

C’est un « incontournable » de la toilette matinale : un petit coup de gant de toilette mouillé à l’eau claire sur le coin de l’œil, et le tour est joué. Les petites croûtes qui s’y trouvaient ont disparu. Que renferment donc ces sécrétions peu ragoutantes ? Proviennent-elles vraiment des yeux, et à quoi servent-elles ? Les explications du Dr Jean-Luc Seegmuller, ophtalmologiste à Strasbourg.

Ces crottes assez inesthétiques sont en fait, composées de mucus. Et elles proviennent de nos larmes ! Eh oui, celles-ci ne sont pas seulement composées d’eau salée. Elles hébergent également du mucus, produit par les cellules épithéliales. Celui-ci « permet notamment d’éviter que les larmes ne s’évaporent trop vite », et il revêt une importance majeure. En présence d’un corps étranger (poussière, cil…) ou d’une irritation de l’œil, il va protéger ce dernier.

Schématiquement, « le mucus va envelopper ce corps étranger pour faciliter son élimination vers la surface du globe oculaire », explique le Dr Seegmuller. « Une fois ce travail effectué, il sera éjecté à son tour, vers l’extérieur de l’œil ». Et c’est là que finalement, il prendra cet aspect peu engageant.

Est-ce à dire que l’abondance de sécrétions matinales est liée à un « travail » nocturne acharné de notre organisme, qui se transformerait d’un coup en producteur de mucus ? Non, bien sûr. « La nuit, les glandes lacrymales fabriquent moins de larmes que durant le jour. L’effet de pompe exercé par le clignement de l’œil, est en effet quasiment inexistant. Pourtant les cellules épithéliales, elles, ne ralentissent pas leur production de mucus. Par conséquent, le « trop-plein » est directement rejeté à l’extérieur de l’œil ». Au petit matin, toilette impérative. Pour cela, rien de tel que l’eau claire. Vous pouvez aussi utiliser du sérum physiologique – c’est de l’eau salée à 9 grammes pour 1000 – appliqué sur un coton à démaquiller.

Notons que ces sécrétions oculaires peuvent aussi révéler « la présence d’une pathologie », une conjonctivite par exemple. « En cas d’infection bactérienne, la production de mucus est fortement stimulée. Cela se traduit par la formation d’un mucus différent, plus épais et d’une couleur verdâtre. Dans ce cas, évidemment, il convient de consulter son médecin qui prendra en charge l’infection en question ».

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  Source : Interview du Dr Jean-Luc Seegmuller, 20 mai 2011