Pas bien grands mais… sans diabète, ni cancers!

18 février 2011

Une petite communauté (moins de 2 000 personnes) en Equateur, détiendrait-elle le secret du « bien vieillir » ? Une étude publiée dans Science nous apprend en effet que certains de ses membres ignorent aussi bien les cancers que le diabète ! Ces « gens heureux » ont toutefois une autre particularité – en forme de contrepartie ? – car ils souffrent tous, de nanisme. De quoi attirer la curiosité de scientifiques américains et équatoriens.

Pendant 23 ans, le biologiste Valter Longo (Los Angeles) et l’endocrinologue Jaime Guevara-Aguirre (Quito) ont suivi l’état de santé de 1 700 membres de cette communauté isolée dans les Andes équatoriennes. Une centaine d’entre eux souffraient du syndrome de Laron, une affection congénitale caractérisée par une petite taille. Celle-ci on le sait, est due à une mutation génétique au niveau du récepteur de l’hormone de croissance. Comme inhibé, ce dernier est incapable d’en gouverner la bonne utilisation.

Les 1 600 autres membres de la communauté qui ont participé à ce travail étaient pour leur part, de « taille normale ». En collectant des données sur la santé de cette cohorte, les deux médecins ont relevé trois faits particulièrement intéressants concernant les patients atteints du syndrome de Laron :
– aucun n’a jamais souffert de diabète, même si certains présentent des facteurs de risque comme l’obésité ;
– l’incidence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) « est tellement faible qu’elle est négligeable » ;
– un seul a déclaré un cancer, au demeurant « non mortel ».

Parmi les autres membres de la communauté, ils ont observé une incidence relativement normale du diabète et des cancers. La proportion des habitants concernés a en effet été de 5% et 17%, respectivement.

Ils ne vivent pas plus longtemps !

Pour les auteurs, leur travail suggère que « l’inhibition du récepteur de l’hormone de croissance chez des personnes ayant atteint leur taille adulte, pourrait prévenir l’apparition de nombreuses maladies, les cancers et le diabète notamment ».

Est-ce à dire que le taux de cette hormone pourrait être considéré comme un nouveau facteur de risque cardiovasculaire, au même titre que l’hypercholestérolémie ? Il serait prématuré de répondre par l’affirmative. Mais Longo et Guevara-Aguirre imaginent déjà, que « les traitements qui cibleraient son activité seraient en quelque sorte les nouvelles statines » ! L’allusion est faite ici à ces traitements anti-cholestérol qui ont littéralement révolutionné la prévention de certaines maladies cardio-vasculaires.

Dernier point et c’est l’ultime constat surprenant de ce travail : l’équipe américano-équatorienne n’a pas observé de différence significative au niveau de l’espérance de vie des deux groupes d’étude. Autrement dit, même s’ils ne déclarent jamais de diabète ni de cancers, les patients souffrant d’un syndrome de Laron ne vivent pas plus longtemps que les autres. « La plupart sont décédés d’accidents ou d’alcoolisme », concluent tristement les auteurs. Comme quoi, la mort quoi qu’on fasse, finit toujours par l’emporter…

  • Source : Science Transnational Medicine, 16 février 2011

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