Des fractures pas comme les autres…

07 juillet 2003

Seulement 10% des femmes victimes d’une fracture liée à l’ostéoporose et hospitalisées de ce fait, sont réellement diagnostiquées et traitées contre cette maladie en quittant l’hôpital.

Choqués de cet état de choses, des médecins du Vaucluse viennent de créer l’association Fractosud. Une action novatrice, présentée lors du dernier congrès de l’EULAR (European League against Rhumatism) à Lisbonne.

L’objectif est de recueillir toutes les données concernant les fractures dans le département, et proposer systématiquement à tous les professionnels de santé une prise en charge de ces patientes ostéoporotiques. Ensuite, ces animateurs veulent mener une véritable action pédagogique auprès des médecins généralistes et sensibiliser la population. Cette association, qui fonctionne en réseau, est centrée sur une structure multidisciplinaire située à l’Hôpital intercommunal de Cavaillon, au sein de laquelle interviennent, outre le chirurgien, un gynécologue, un médecin rééducateur, des infirmières, un kinésithérapeute, une diététicienne, une assistante sociale…

« L’os est un peu comme un grillage dans les espaces duquel il y a du calcium qui lui donne sa solidité. Mais au cours de la vie, chaque jour un peu de calcium se détache de la trame osseuse, et cela bien plus vite, chez la femme à partir de la ménopause. Au bout d’un certain temps le grillage n’étant plus assez chargé en calcium l’os risque de se casser pour un traumatisme minime. L’ostéoporose, c’est cela » explique le Docteur Remy Dufour, rhumatologue à la clinique Sainte Catherine d’Avignon.

Nous disposons maintenant de médicaments très efficaces contre l’ostéoporose. Mais surtout de moyens de diagnostic très performants, la densitométrie en fait partie, en mesurant la densité de l’os, cette technique permet d’évaluer le niveau de risque de fracture. Et lorsqu’un traitement est mis en place, d’en mesurer les effets et l’évolution de la maladie.

Pourtant, il arrive encore trop souvent que l’ostéoporose ne soit découverte qu’à l’occasion d’une fracture du poignet, de la cheville ou du col du fémur. Vous n’y croyez pas ? En fait la réalité est pire encore : la plupart des malades hospitalisés à la suite d’une fracture de ce type ne sont pas réellement diagnostiqués. L’hôpital traite la fracture et ses suites mais le diagnostic d’ostéoporose n’est pratiquement jamais posé. C’est dire l’inertie et le cloisonnement de notre système de soins !

Grâce à Fractosud, toute victime d’une fracture ostéoporotique hospitalisée à Cavaillon, en Avignon ou dans la région, est d’abord traitée chirurgicalement pour sa fracture et ses séquelles. Puis l’ostéoporose fait l’objet d’un bilan complet, et une prise en charge à la fois médicale et paramédicale est mise en route. Elle porte donc sur le traitement de la maladie bien sûr, mais aussi sur l’hygiène de vie, l’alimentation, les précautions à prendre pour éviter les chutes à domicile…

Après la sortie de l’hôpital, la prise en charge est poursuivie par le médecin traitant. Il se trouve dès lors au cœur du dispositif. « Ainsi profitons-nous de l’hospitalisation pour impulser la prise en charge de l’ostéoporose », souligne Rémy Dufour. « Une prise en charge qui, sans cette hospitalisation, aurait très probablement été négligée ».

Les résultats sont convaincants. Beaucoup de médecins et de paramédicaux ont été sensibilisés dans la région, et Fractosud commence à faire école. Des projets sont en cours à Bordeaux, à Narbonne… « L’élaboration d’un tel réseau n’est pas très compliquée. Il suffit d’un peu de bonne volonté et surtout d’avoir le désir de travailler ensemble ». Alors pourquoi pas demain, des Fractosud dans l’Ouest, le Nord et l’Est aussi ?

  • Source : Congrès de l’EULAR (European League Against Rheumatism), Lisbonne 18-21 juin 2003

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