Des larves pour traiter les plaies ? Peut-être l’avenir…

17 janvier 2008

Saviez-vous qu’en France, les larves d’asticots bénéficiaient du statut de médicament ? Elles sont parfois utilisées en effet, dans la prise en charge des plaies chroniques. Les spécialistes parlent alors de larvothérapie. Une étude de grande ampleur vient de débuter dans 3 centres hospitaliers. Objectif : évaluer l’efficacité de ce traitement, déjà vieux de quatre siècles.

Au total, 120 patients participent à ce travail randomisé, en double aveugle. Les uns doivent être traités par larvothérapie, les autres recevant les traitements classiques (antibiothérapie). « Les résultats seront publiés vers la fin 2008 », souligne le Dr Anne Dompmartin, qui coordonne ce travail au CHU de Caen. Les deux autres centres d’étude sont situés à Paris et Lyon.

La larvothérapie est définie comme l’emploi d’asticots à des fins thérapeutiques. Les plaies chroniques (ulcère veineux, plaie d’amputation, escarre…) en constituent la principale indication. Leur efficacité repose sur le fait que les larves se nourrissent des tissus nécrosés de la plaie. « La larve émet une salive qui détruit la fibrine et les tissus morts » enchaîne la spécialiste. « Elle a une action bactéricide sur certaines bactéries (staphylocoques résistants) et stimule la cicatrisation en augmentant le pH local ».

Précision d’importance, les larves ne sont pas disposées directement sur la plaie, « afin d’éviter qu’elles ne sortent du pansement ». Elles sont déposées dans un sac à la paroi très fine. « Les patients ne les voient pas avant le soin et surtout ne les sentent pas. Il est très important de le préciser, car le premier obstacle à leur emploi est avant tout psychologique ».

Les premiers patients ? Des soldats livrés à eux-mêmes sur le champ de bataille

Chaque année en France -« en dehors du protocole multicentrique »- seule une cinquantaine de patients bénéficieraient de la larvothérapie. « A chaque fois, nous demandons à l’AFSSaPS une Autorisation temporaire d’utilisation (ATU) », explique Anne Dompmartin. Ce traitement rare comporte à ses yeux plusieurs avantages majeurs : « la facilité du soin, puisque le personnel infirmier n’a pas à décaper la plaie. Etape douloureuse mais indispensable, ce temps de détersion est assuré par les larves. Le travail des larves permet aux infirmières d’effectuer un soin plus rapide et de meilleure qualité pour préparer le lit de la plaie à la cicatrisation. L’efficacité clinique de la larvothérapie est souvent spectaculaire ».

Une efficacité constatée encore récemment dans une étude portant sur onze patients et réalisée à l’hôpital Desgenettes de Lyon. « Neuf cas ont été d’incontestables succès » ont précisé les auteurs. « Ce traitement a été jugé positif par le personnel soignant spécialisé dans la prise en charge des plaies ».

Les effets bénéfiques des larves sur les plaies ne datent pas d’hier. Après Ambroise Paré au XVIème siècle, le Dr William Baer avait constaté leur action antiseptique lors de la Première Guerre mondiale sur deux soldats, « abandonnés » sur le champ de bataille pendant 7 jours. Ils présentaient d’importantes plaies abdominales et fémorales, lesquelles étaient infestées de larves. Non seulement ces hommes ont cicatrisé, mais ils ont survécu dans d’excellentes conditions à une époque où les antibiotiques n’existaient pas.

  • Source : Interview du Dr Anne Dompmartin, Journées dermatologiques de Paris, 4-8 décembre 2008, Journal des Plaies et Cicatrisations n°53

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