Des managers dans la détresse ?
23 décembre 2020
Diriger une équipe demande beaucoup de ressources et d’énergie. Ainsi, la posture et le rôle central des managers dans une entreprise n’empêchent pas la vulnérabilité psychique. Le point sur leur risque de dépression et de burn-out.
Dans le monde du travail, les cas de dépression sont souvent associés aux employés. Mais les managers sont aussi des salariés concernés par cette vulnérabilité professionnelle.
Selon le cabinet Empreinte Humaine*, en décembre 2020, 49% des salariés français se disaient en détresse psychologique, contre 42% au mois de mai. Une augmentation liée à la crise sanitaire qui reflète une réalité déjà présente avant le confinement. Et au total, 58% des managers interrogés sont en détresse. Ils seraient deux fois plus exposés au burn-out comparés aux non managers.
Les hommes plus que les femmes ?
Les hommes managers seraient plus à risque de dépression professionnelle. Pour le prouver, des chercheurs suédois (Université de Göteborg) ont interrogé 2 663 managers dont 901 femmes et 1 762 hommes. Au total, 24% des hommes présentent des symptômes de dépression, contre 12% des femmes. « Un écart étonnant alors que nous avons ajusté plusieurs variables comme l’accès aux formations de managers, le type d’entreprise dans laquelle ils travaillent, leur ancienneté et la présence de collègues souffrant eux-mêmes de dépression », décrit le Pr Monica Bertilsson, principale auteure de l’étude.
« En plus des problèmes pour gérer leur santé mentale, les manageurs éprouvent des difficultés à répondre aux besoins de leurs salariés notamment lorsqu’il s’agit d’adaptation des conditions de travail sur le court terme. » Autre point, « cette fragilité des managers est proportionnelle à leur degré de responsabilité. Elle est influencée par la présence de collaborateurs eux-mêmes dépressifs, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes ».
Epuisement et non-accomplissement
Le burn-out se caractérise en trois points précis : un épuisement émotionnel, un sentiment de dépersonnalisation associé à un cynisme (insensibilité aux réactions extérieures et déshumanisation des relations), un sentiment de non-accomplissement individuel. Les facteurs de risque sont aujourd’hui bien identifiés : « une surcharge de travail, une pression accrue, un faible contrôle sur le travail, le manque de reconnaissance et de récompenses, le manque d’équité, des objectifs inatteignables, des demandes contradictoires, un manque de clarté, des demandes changeantes, des conflits de valeur », résument les experts de l’Institut nationale de recherche et de sécurité (INRS).
Quel impact sur la santé ?
Les risques du burn-out pour la santé sont loin d’être anodins. Ils sont émotionnels (perte d’estime de soi, irritabilité, pessimisme), cognitifs (troubles de la mémoire, de la concentration, indécision), physiques (troubles du sommeil, tensions musculaires, migraines, fragilités respiratoires et cardiovasculaires) et comportementaux (repli, diminution de l’empathie, agressivité, addictions…).
*Sondage OpinionWay mené pour le cabinet Empreinte Humaine auprès de 2 000 salariés en décembre 2020
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Source : « La santé psychologique des salariés français très nettement dégradée après neuf mois de pandémie - Etat psychologique, Risques Psychosociaux, & Epuisement des Salariés Français », 4ème vague du baromètre, Sondage OpinionWay mené pour le cabinet Empreinte Humaine auprès de 2 000 salariés - BMC Public Health, 14 décembre 2020 - Institut nationale de recherche et de sécurité (INRS), site consulté le 16 décembre 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet