Des romans de Jules Verne pour les petits dyslexiques

22 mars 2004

Les troubles du langage sont considérés actuellement, comme un véritable problème de santé publique. Le ” noyau dur ” de l’échec scolaire en effet, ne diminue pas. Malgré la prise en charge orthophonique, il reste toujours 10% d’enfants non lecteurs !

Parmi les élèves en difficulté scolaire, il existe deux groupes. Ceux qui ont besoin d’aménagements ” techniques “, comme un rythme de travail moins rapide ou une aide personnalisée. Et d’autres qui font tout pour ne pas apprendre… Que faire avec ces enfants qui n’écoutent pas ? Que dire à ceux qui se sentent ” nuls ” dès qu’ils sont interrogés, à ceux qui abandonnent dès qu’ils n’ont pas la réponse au bout des lèvres ? Il est étonnant de voir que des enfants intelligents n’utilisent plus leurs moyens intellectuels dès qu’ils sont dans le cadre scolaire ! Et la surmultiplication des séances d’orthophonie ne semble rien résoudre…

Et si on se consacrait à la composante psychologique ?
Serge Boimare, psychopédagogue et directeur du Centre Claude Bernard à Paris, pense que la rééducation a là une belle carte à jouer. Apprendre, c’est accepter d’être jugé, comparé, c’est aussi se plonger à l’intérieur de soi, être face à ses insuffisances et ses limites. Si l’enfant ne réussit pas à prendre confiance en lui et surmonter sa frustration lors des premiers apprentissages – avant le cours préparatoire – des inquiétudes surgiront par la suite. Notamment quand il sera mis en situation d’apprentissage.

Cette angoisse interne est parfois en relation avec un traumatisme lié à l’enfance, un abandon, une angoisse qu’aucun adulte n’aura su calmer. L’élève s’enfoncera alors, dans des sentiments de dévalorisation excessive, dans des idées de persécution, d’abandon.

Pour Serge Boimare, la lecture et la discussion de la mythologie, de contes, de romans, rassurent l’enfant. Elles mettent des images et des mots sur leurs inquiétudes, apportent des réponses à leurs craintes. Car ces histoires sont proches de leurs préoccupations internes. Mais aussi suffisamment éloignées dans le temps et l’espace pour ne pas les inquiéter.

Une fois les angoisses apaisées, l’enfant va pouvoir décoller de son vécu personnel. Se sentir plus libre d’avancer sans crainte dans l’acquisition de la connaissance. Il pourra enfin arrêter de marcher sur des oeufs, se réconcilier avec l’exercice de penser et… aller de l’avant.

  • Source : de nos envoyés spéciaux au Medec, Paris 16-19 mars 2004

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