











En ouverture à la 115ème session de son Conseil exécutif, l’OMS appelle ses Etats Membres à mettre la main à la poche ! Une demande qui n’est pas sans fondement mais dont hélas, on peut douter qu’elle reçoive un écho… sonnant et trébuchant.
Dans son allocution d’ouverture, son Directeur général, le Dr Lee Jong-wook, a rendu compte de son voyage récent dans les zones les plus dévastées de l’Indonésie et du Sri Lanka. Il a fait le point de l’action de l’OMS qui, aujourd’hui, maintient 70 collaborateurs sur place pour participer à la coordination des secours internationaux et nationaux. “Nous sommes en train de passer rapidement de la phase d’urgence à celle du relèvement, de la réhabilitation et du retour à l’autonomie.” Un passage qui doit se faire “en douceur, sans quoi les communautés resteront pendant de nombreuses années dans un état de dépendance, avec une mortalité et une morbidité élevées.”
A terme, l’objectif est une situation dans laquelle les populations seront moins vulnérables et protégées des risques sanitaires par un système mondial efficace d’alerte et d’action. Un effort de longue haleine qui s’ajoute à toutes les autres priorités de santé auxquelles le monde est confronté.
Ce qui justifie s’il en était besoin, l’idéologie défendue dans son discours inaugural par le Dr Lee Jong-wook. Selon lui face aux menaces croissantes apparues avec le tournant du millénaire, le monde ne peut se défendre avec de l’argent de poche. La menace du SRAS, la pandémie de VIH-SIDA, la tuberculose et le paludisme sans cesse renaissants appellent un effort massif, des professionnels toujours de plus haut niveau et en plus grand nombre, et une réactivité accrue.
Toutes exigences qui ne sauraient être satisfaites dans la situation actuelle de l’OMS, dont le budget régulier est en croissance zéro depuis des décennies. Voilà pourquoi le patron de l’Organisation a lancé un appel aux Etats Membres pour qu’ils acceptent “d’augmenter les contributions fixées afin de maintenir notre effort.”
Explications : l’organisation genevoise puise dans 2 types de ressources budgétaires. D’une part le budget régulier (les fameuses contributions fixées), alimenté par des “cotisations” versées par les Etats Membres selon une règle de péréquation complexe qui tient compte de la population et des ressources de chacun ; et d’autre part des donations volontaires en provenance d’Etats, mais aussi de fondations, associations, sociétés privées ou personnes physiques. Or au fil du temps et comme le budget régulier de l’Organisation ne croissait plus, elle a du se résoudre à dépendre de plus en plus des donations volontaires.
C’est cette situation dont le Dr Lee affirme aujourd’hui qu’elle ne peut perdurer. Un discours qui n’est pas sans logique : organisation intergouvernementale, l’OMS en arrivera bientôt à dépendre davantage de fonds extra-gouvernementaux que des ressources assurées par ses Etats membres ! Mais le moins qu’on puisse dire est que cette approche n’est pas considérée comme très “tendance” dans les délégations présentes à Genève. Les gouvernements veulent une ONU plus “souple” et observante. Et à en croire les apparences ils ont plutôt choisi pour y parvenir, de lui couper les vivres.
Source : Photo P. Virot/WHO
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