Des toilettes électrogènes !

03 mars 2003

Un médecin indien a inventé un ingénieux système de latrines, le Sulabh, destiné aux 700 millions de ses concitoyens qui ne disposent d’aucune installation d’hygiène. Une situation qui là-bas, tue plus de 500 000 personnes chaque année…

La plupart des victimes sont des enfants qui succombent à une maladie diarrhéique, généralement contractée parce qu’ils ont ingéré des microbes qui vivent dans les matières fécales. En l’absence de sanitaires et d’adduction d’eau, ils sont en effet souvent transmis par l’eau ou les aliments, en étant véhiculés par les mains, la vaisselle, les couverts…

Le Sulabh est une formidable réponse à ce manque d’hygiène. Il est né dans l’esprit du Dr Bindeswar Pathak, qui est allé jusqu’à créer une organisation non gouvernementale (ONG) pour faciliter la mise en place de son invention : la Sulabh International Social Service Organisation.

Le système est diablement astucieux. Pas seulement parce qu’il emploie seulement deux litres d’eau pour l’évacuation, au lieu des 14 litres exigés par une installation classique. Au lieu d’une fosse classique, deux puits profonds de 1,5 mètres. Dans le cas d’une famille de cinq personnes par exemple, le premier sera utilisé pendant quatre ans. A ce moment et le premier puits étant plein, la famille peut alors utiliser le second, pendant une nouvelle période de quatre années durant laquelle les déchets du premier puits se transformeront naturellement en compost. Celui-ci est alors utilisé comme engrais.

Dans les zones urbaines, Pathak a eu la riche idée de regrouper les Sulabh dans de grands complexes pour constituer ce qu’il appelle des « centres sanitaires communaux ». Il en existe aujourd’hui 5 500 dans le pays ! Raccordés à des usines de production de gaz naturel, ces établissements produisent également leur propre électricité à partir des déjections humaines !

Ils renferment également de nombreuses autres commodités. Les femmes y bénéficient notamment de salons où elles peuvent allaiter en toute tranquillité. Des vestiaires, des salles de bain sont également ouverts à tous. Un complexe tel que celui de Shirdi peut accueillir jusqu’à 50 000 personnes chaque jour ! Une réelle avancée sanitaire et sociale !

  • Source : The Lancet, Vol.361, n°9357

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