Des virus pour combattre les bactéries résistantes
05 août 2014
Pseudomonas aeruginosa. ©Alex Betts
Bactériophage. Littéralement, qui mange les bactéries. Ces virus n’attaquent en effet que les bactéries et présentent donc un réel intérêt thérapeutique, notamment face aux bactéries résistantes aux antibiotiques. Cette méthode, appelée phagothérapie, utilisée jusqu’à la mise au point des antibiotiques dans les années 50 attire à nouveau l’intérêt des chercheurs. Une étude menée par une équipe CNRS montre qu’il est possible de rendre encore plus efficaces certains phages. Explications.
Pseudomonas aeruginosa est une des bactéries responsables d’infections nosocomiales parfois mortelles. Une équipe composée de chercheurs de l’Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier – ISEM (CNRS / Université Montpellier 2 / IRD) a étudié le comportement de plusieurs phages au contact de cette bactérie devenue résistante aux antibiotiques. Pour ce faire, ils ont mis 6 de ces virus bactériophages (LKD16, PEV2, LUZ19, LUZ7, 14/1 et LMA2) individuellement au contact de la bactérie dix fois de suite pendant 24 heures. Objectif, évaluer si la virulence de ces phages peut augmenter au fil du temps.
Résultat, trois des phages (PEV2, 14/1 et LMA2) ont vu leur virulence augmentée. Les trois autres (LUZ7, LUZ19 et LDK16) ont montré une virulence fluctuante dans le temps. « Ces résultats suggèrent qu’il est possible, pour certains phages d’augmenter leur virulence et leur efficacité en utilisant des formes co-évoluées (c’est-à-dire stimulées par l’exposition à la bactérie n.d.l.r.) », explique Michael Hochberg, biologiste à l’ISEM. « Ces travaux pourraient avoir des enjeux sociétaux importants, et intéresser non seulement les médecins (dans la lutte contre les bactéries résistantes aux antibiotique n.d.l.r.), mais aussi les sociétés de traitement de l’eau, désireuses d’éradiquer P. aeruginosa de leur circuit de traitement. »
Une alternative à l’antiobiothérapie… vieille de 100 ans
Avant la mise au point des premiers antibiotiques dans les années 1950, le combat contre les infections à bactéries était rude. Cependant au début du 20e siècle, « un chercheur anglais dénommé Frederik Twort décrit une substance douée de propriétés antibactériennes sans toutefois en préciser la nature », raconte l’Institut Pasteur sur son site Internet. « En 1917, un chercheur franco-canadien, Félix d’Hérelle, travaillant à l’Institut Pasteur, décrit l’isolement et les propriétés de ce qu’il considéra dans un premier temps comme un microbe antagoniste, et auquel il donna le nom de bactériophage. »
Par la suite, « après une période faste de développement de l’utilisation des bactériophages en médecine, qui dura une vingtaine d’années, ceux-ci sont progressivement délaissés au profit des antibiotiques. » L’avenir offrira peut-être une nouvelle ère de développement pour cette thérapie antibactérienne.
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Source : CNRS, 30 juillet 2014 – Institut Pasteur, consulté le 30 juillet 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet