Diabète et précarité : une prise en charge spécifique ?

18 juin 2012

En France, les patients diabétiques appartenant aux populations défavorisées abandonnent fréquemment leur traitement pour raisons financières. A cela s’ajoute une situation d’insécurité alimentaire. « La prise en charge du diabète chez des patients précaires exige de s’adapter en permanence », explique le Dr Hélène Bihan, diabétologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny.

« Au cours de la consultation, nous avons parfois du mal à faire comprendre et faire passer nos messages de santé. » Hélène Bihan note par exemple, que ces malades éprouvent des difficultés à se projeter dans l’avenir. « Il est difficile de leur expliquer l’importance d’une prise en charge régulière de leur maladie et de leur faire comprendre qu’elle conditionne leur futur ». Le défi est d’autant plus grand, que le diabète est chez certains malades, asymptomatique. « Pourquoi suivre un traitement, si je ne souffre de rien, me disent-ils ».

Le diabète rappelons-le, est une maladie chronique. Au cours du temps, il peut être à l’origine d’importantes complications, en endommageant le cœur, les vaisseaux, les yeux, les reins et/ou les nerfs. Toutes ces complications liées au diabète confirment qu’il est nécessaire de prévenir et de traiter cette maladie, le plus tôt possible.

Agir le plus tôt possible

Voilà pourquoi il est essentiel de dispenser une éducation à la fois nutritionnelle et comportementale. « Nous devons impérativement faire comprendre qu’il est indispensable d’avoir une alimentation équilibrée, vérifier que la personne a bien compris et qu’elle applique nos conseils. Il est très important de bien les motiver et surtout d’insister sur ce message. Car nous savons que ces personnes ont des difficultés financières qui peuvent être à l’origine d’un déséquilibre alimentaire. »

Le Dr Bihan adapte en permanence son discours et insiste sur la nécessité d’être actifs dans le discours éducatif. « Il peut certes y avoir un frein financier, mais il y a aussi l’impact de la société en général. Finalement beaucoup de gens mangent mal. Nous devons faire davantage pour l’éducation nutritionnelle. »

C’est d’ailleurs le leitmotiv d’une initiative originale menée par l’Association Nationale de Développement des Epiceries solidaires (ANDES), l’Association Française des Diabétiques (AFD) et deux laboratoires pharmaceutiques, Boerhinger Ingelheim et Lilly. Des bénévoles de l’ANDES ont été sensibilisés sur l’importance d’avoir une bonne hygiène alimentaire et l’impact que celle-ci peut avoir sur la prise en charge du diabète. L’objectif, étant de sensibiliser les populations fréquentant ces épiceries aux risques liés à leurs comportements alimentaires.

  • Source : Interview du Dr Hélène Bihan, 4 mai 2012

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