Diabète et troubles de l’érection : plus d’un homme sur deux

09 mai 2011

Le lien entre le diabète et la dysfonction érectile n’est pas nouveau. Déjà au XIe siècle, Avicenne considérait « l’effondrement de la fonction sexuelle comme une complication spécifique de la maladie ». Dix siècles plus tard, ce constat reste d’actualité mais… tout autant frappé de tabou. Les solutions pourtant, ne font pas défaut.

Les problèmes érectiles en relation avec le diabète sont en réalité, très fréquents. Selon le Pr Patrick Vexiau, chef du service de diabétologie à l’Hôpital Saint Louis de Paris, « entre 50% et 75% des hommes atteints de diabète de type 1 ou 2 connaissent des troubles de l’érection. Le problème est que la plupart du temps, le patient n’en parle pas spontanément. Il attend que son médecin évoque le sujet, et pendant ce temps la situation évolue alors à bas bruit.

Erection et diabète : quel rapport ?

Comme nous l’explique Patrick Vexiau, les liens entre diabète et dysfonction érectile sont de deux ordres :
– Vasculaire : Les artères irriguant la verge se trouvent obstruées, ce qui s’oppose à l’érection, justement provoquée par l’afflux de sang ;
– Neurologique : « L’érection est un processus reflexe », et l’altération du système nerveux (appelée aussi neuropathie diabétique), peut attaquer sa commande neurologique.

D’autres facteurs peuvent aussi être impliqués, qui ne concernent pas alors que les diabétiques. C’est le cas de certains médicaments comme les bêtabloquants (des antihypertenseurs), de la consommation de tabac ou d’alcool, qui tous ont une répercussion négative sur l’érection.

Le Pr Vexiau classe les traitements en quatre catégories, et souligne que « les traitements applicables aux diabétiques sont les mêmes que pour l’ensemble des patients souffrant de dysfonction érectile. »

Les traitements par voie orale. Les inhibiteurs de la phosphodiesterase, (comme le Cialis®, le Levitra ou le Viagra®), favorisent l’afflux de sang dans les corps caverneux. L’érection est ainsi favorisée, et maintenue plus longtemps ;

L’approche psychologique. ne doit pas être négligée. « Elle peut parfois débloquer la situation » continue le Pr Vexiau. Les problèmes de virilité ne se résolvent pas d’eux-mêmes et peuvent induire un véritable cercle vicieux. Plus le patient s’enferme dans le mutisme, moins il aura confiance en lui. Négligée, la dysfonction érectile peut être un facteur de dépression et provoquer des problèmes au sein du couple. C’est naturellement, une raison de plus pour en parler ;

Les injections intra-caverneuses de prostaglandine. Le médicament utilisé dans ce type de traitement dilate les vaisseaux sanguins de la verge, favorisant ainsi l’accumulation de sang. Et ce traitement précise le Pr Vexiau, est auto-administré par le patient lui-même.

La chirurgie urologique enfin, peut constituer un recours lorsque les autres traitements se sont avérés inefficaces. Dans les cas extrêmes, elle consiste à poser une prothèse pénienne. L’érection est alors obtenue de manière artificielle.

  • Source : Interview du Pr Patrick Vexiau, 4 mai 2011 ; Association française des Diabétiques, consultée le 3 mai 2011; Congrès de la Société francophone du Diabète, Genève, 22-25 mars 2011

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