Pourquoi dit-on que la masturbation rend sourd ?
10 février 2017
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Il est des actes que la morale a longtemps réprouvés. C’est le cas de la masturbation. A tel point qu’elle fut accusée de pas mal de maux. Notamment le fait de rendre sourd. Quel rapport ? L’appareil génital serait-il relié d’une manière ou d’une autre au système auditif ? La réponse est à chercher dans la littérature médicale du 18e siècle.
L’onaniste est-il dur de la feuille ? Qui n’a jamais entendu que « la masturbation rend sourd » ? Comme bien souvent, l’origine de cette croyance s’est depuis longtemps perdue dans l’Histoire. Peut-être l’a-t-on oublié mais la masturbation fut accusée de bien des maux, et pas seulement de provoquer la surdité.
Un peu d’Histoire…
Tout commence en fait à la fin du 18e siècle. En 1764 en effet, un médecin suisse du nom de Samuel Auguste Tissot rédige un ouvrage au titre évocateur : L’onanisme, dissertation sur les maladies produites par la masturbation. Il y décrit certaines de ses observations et les pathologies provoquées par l’autostimulation: « Toutes les facultés intellectuelles s’affaiblissent, les malades (sic) tombent dans une légère démence, ils tombent dans une angoisse continuelle, les forces du corps manquent entièrement ». Il y évoque aussi le sujet qui nous intéresse, à savoir la surdité : « J’ai connu un homme devenu sourd pendant quelques semaines après un long rhume négligé (…) Quand il avait une pollution nocturne, il était beaucoup plus sourd le lendemain. » Voilà comment naissent les rumeurs.
Mais à l’époque, on ne parle pas de légende. L’idée est bien ancrée… et pour longtemps. La culpabilisation autour de l’acte masturbatoire est telle qu’au début du 20e siècle, dans le Larousse médical illustré, on peut lire : « Onanisme : excitation solitaire des organes génitaux qui peut se produire dès la petite enfance (…) Plus tard, dans la seconde enfance, elle prend une gravité assez grande, ayant pour conséquence un grand affaiblissement physique, la diminution de la mémoire et de l’intelligence, un état d’abrutissement intense… »
Même si la révolution sexuelle a depuis, coupé court à ce genre d’idées, la culture judéo-chrétienne qui l’a longtemps condamné, stigmatise encore l’acte. La masturbation reste encore aujourd’hui largement frappée de tabou.
Quoi qu’il en soit, la littérature a bien évolué. Il est aujourd’hui reconnu – outre le fait qu’elle ne rend ni sourd ni stupide – que la masturbation permet notamment aux adolescents de découvrir leur corps. Plusieurs études ont même montré qu’elle permet de prévenir le cancer de la prostate, qu’elle réduit le stress…
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Source : Samuel Auguste Tissot, L’onanisme, dissertation sur les maladies produites par la masturbation
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon