DMLA : un implant qui pose bien des questions
21 juillet 2010
Implanter un « télescope miniature » dans l’œil des patients souffrant de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ? Le procédé paraît techniquement séduisant et la Food and Drug Administration (FDA) américaine vient d’ailleurs de l’approuver. En France où il n’est pas (encore ?) autorisé, les spécialistes se montrent toutefois particulièrement prudents.
Ce télescope miniature est destiné à être implanté dans un seul des deux yeux du malade. Il permet essentiellement d’améliorer la vision centrale, en multipliant par 2 ou 3 la taille des images. L’autre œil pour sa part, n’est pas équipé et doit donc assurer la vision périphérique. Rappelons que dans la DMLA – qui touche entre 800 000 et 1 million de personnes dans un pays comme la France – le patient perd sa vision centrale. Autrement dit, la vision « fine », indispensable pour lire, écrire ou conduire par exemple.
Ce nouveau procédé a fait l’objet d’une évaluation auprès de 219 patients de plus de 75 ans. D’après les représentants de la FDA, « les trois quarts ont pu obtenir une amélioration de leur vue ». Au point que leur handicap initialement qualifié de « profond », est devenu « modéré » ! Inconvénient sérieux : pratiquement un patient sur dix (9,2 %) a souffert d’un œdème de la cornée. Et 4,2% d’entre eux ont même du subir une transplantation de cornée !
Ces chiffres suscitent l’inquiétude du Dr Didier Ducournau (Nantes), président de la Société européenne de chirurgie vitréorétinienne (EVRS). « La proportion des greffes de cornée me semble beaucoup trop lourde » nous a-t-il expliqué. « En plus je n’imagine même pas la possibilité d’opérer – par exemple pour un décollement de rétine – un patientqui serait porteur de ce type de télescope ! ».
Dans ces conditions, il apparaît que les malades risquent de devoir payer au prix fort une simple amélioration de leur vision centrale. D’autant qu’il « existe aujourd’hui beaucoup d’aides optiques. Elles vont de la simple loupe, en passant par la lunette télescopique et même la caméra qui, branchée sur un écran télé, permet de grossir jusqu’à 8 fois. Et donc de lire la plupart des revues ».