Don d’organes : le nombre de greffes en hausse mais des freins et idées fausses qui perdurent

17 février 2025

L’Agence de Biomédecine a dressé son bilan d’activité pour l’année 2024 et présenté le baromètre d’opinion sur le prélèvement et la greffe d’organe le 13 février. Si le nombre de greffes a progressé, le taux d’opposition continue d’augmenter et constitue le principal frein au prélèvement d’organes.

852 personnes sont décédées, faute d’accès à la greffe en 2024. Toutefois, le nombre de greffes a progressé à un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2017. Au total, selon les chiffres de l’Agence de biomédecine, 6 034 greffes d’organes ont été réalisées avec une hausse de 7,1 % par rapport à 2023 soit 17 greffes par jour en moyenne. Pour 614 greffes, dont 598 greffes de rein – en hausse de 7,4 % – le donneur était vivant.

Cette hausse s’explique notamment par une augmentation des prélèvements dits « à cœur arrêté ». Ils concernent les personnes décédées des suites d’un arrêt cardiaque après une limitation ou un arrêt des thérapeutiques. Autre cause : une hausse du nombre des donneurs et des prélèvements.

Donner un rein de son vivant, un parcours jugé trop difficile par une association de patients

Les greffes rénales sont les plus fréquentes avec 3 757 greffes réalisées en 2024 dont 509 réalisées à partir de donneurs vivants. Suivent les greffes hépatiques (1439), cardiaques (414), pulmonaires (323) pancréatiques (91), cardio-pulmonaires (9). Enfin, une greffe intestinale a été réalisée en 2024.

L’association de patients Renaloo (dédiée à la greffe rénale), plaide pour une montée en puissance des greffes à partir de donneurs vivants. « Les obstacles et les délais rencontrés par de nombreuses personnes qui souhaitent donner un rein à un proche ne sont pas acceptables et les pertes de chances pour les patients sont bien réelles. Il est encore temps de mobiliser pleinement ce levier pour atteindre les objectifs du plan greffe ! », dénonce-t-elle dans un communiqué publié le 13 février.

Un taux d’opposition toujours en hausse

Par ailleurs, sur 3 169 donneurs en mort encéphalique recensés, 1 544 ont été prélevées. Les prélèvements sont notamment freinés par l’opposition des proches. Ainsi, le taux d’opposition a lui progressé à 35,4 % (soit 1153 donneurs potentiels) contre 36,1 % en 2023. Le taux d’opposition ne cesse d’augmenter ces dernières années, à 30,3 % en moyenne sur la période 2017 – 2019. Avec un taux de 53,5 %, l’Ile-de-France est désormais la région où il est le plus élevé, suivi de la Réunion, de la Martinique et des Hauts-de-France.

L’association de patients Renaloo pointe aussi de fortes disparités régionales, avec de grosses progressions des greffes dans certains hôpitaux et des reculs dans d’autres. « Des niveaux d’activités très hétérogènes, associés à des pratiques d’inscription très variables d’un centre à l’autre, d’une région à l’autre, creusent les écarts entre les patients. En 2023, les délais d’attente pour une greffe rénale allaient de moins d’un an à plus de quatre ans selon les hôpitaux », regrette l’association dans un communiqué.

Les Français pourtant largement favorables au don de greffe

Malgré le taux d’opposition qui poursuit sa hausse, 79 % des Français se déclarent favorables au don de leurs propres organes après leur mort selon le baromètre 2025 réalisé par l’Agence de Biomédecine. Mais si 91 % pensent qu’il est important que leurs proches connaissent leur position sur le don d’organes et de tissus, seulement 53 % d’entre eux ont fait part de leur position à leurs proches.
De nombreuses idées reçues perdurent. Ainsi :

  • seuls 6 Français sur 10 ont le sentiment que le don d’organes profite de manière équitable à toutes les catégories de population ;
  • seuls 19 % des Français savent que les organes prélevés sont exclusivement réservés aux patients en attente de greffe et non à la recherche ;
  • près d’1 Français sur 2 pense que le prélèvement d’organe est incompatible avec un rite funéraire religieux ;
  • toute personne qui décède à l’hôpital, quel que soit son âge et son état de santé, peut être donneuse de tissus et/d’organes, selon les conditions du décès. Toutefois, seuls 40 % des Français savent qu’il n’y a pas de limite d’âge.

Les jeunes, première classe d’âge opposée

D’autres résultats, notamment concernant les jeunes, interpellent tout particulièrement. Les 18 – 24 ans se sentent en effet moins informés, moins concernés et moins enclins à parler du don d’organes à leurs proches. Plus inquiétant, selon David Heard, directeur de la communication de l’Agence de biomédecine : « les 18-25 ans, sont aujourd’hui la première classe d’âge à s’inscrire au registre des refus et les 18-24 ans se déclarent à 28 % ‘plutôt ou tout à fait opposé’ au don d’organes, contre 17 % en population générale. Ils sont aussi plus nombreux à ignorer que les mineurs peuvent aussi être donneurs et que le don d’organes ne s’oppose en rien aux traditions religieuses et aux rites funéraires ». Cette tranche d’âge devient ainsi une cible privilégiée des campagnes de sensibilisation de l’Agence de biomédecine.

A noter : 22 585 patients sont inscrits sur la liste nationale d’attente de greffe, avec 8 378 nouveaux inscrits. En 2024, l’activité de greffe a augmenté plus vite que le nombre d’inscrits actifs (immédiatement éligibles) sur la liste nationale d’attente (5,5 %).

  • Source : Agence de biomédecine, association Renaloo

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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