Dons d’organes : la famille, « juste » informée ?
27 octobre 2015
Si vous souhaitez que vos organes puissent être greffés à des malades après votre décès, informez-en vos proches. ©Phovoir
Permettre une hausse significative du nombre de donneurs d’organes. C’est l’objectif de l’amendement 46-ter de la loi de santé. Laquelle va être soumise à l’examen de l’Assemblée nationale pour une seconde lecture. Ce texte donnerait la possibilité de passer outre les refus par précaution, trop souvent formulés par les proches des défunts. L’Académie nationale de médecine apporte son soutien à cet amendement par le biais d’une motion.
« Le besoin en greffons ne cesse de croître et le niveau de l’activité, bien qu’importante, ne suffit pas à le couvrir », indique l’Agence de la Biomédecine sur son site Internet. Ainsi, 20 311 patients étaient en attente d’une greffe en 2014. Et « chaque année, le nombre de personnes inscrites en liste d’attente de greffe progresse. Actuellement, l’attente des patients peut durer plusieurs mois, voire des années ».
C’est la raison d’être de l’amendement 46-ter de la loi de santé qui spécifie « que le prélèvement d’organe peut être pratiqué dès lors que (la personne majeure) n’a pas fait connaître, de son vivant, son refus ». Selon la loi actuelle, lorsque le défunt n’a pas fait part à ses proches de son choix et qu’il ne s’est pas inscrit au registre national des refus, l’équipe médicale se doit de se tourner vers la famille. Celle-ci, trop souvent, faute d’information, refuse, par précaution, le prélèvement d’organes sur son proche. « Actuellement, près d’un prélèvement possible sur trois est refusé », précise l’Agence.
Augmenter le nombre de prélèvements
L’amendement, permettant en quelque sorte de passer outre l’avis des proches, « devrait augmenter les possibilités de transplantations d’organes et réduire ainsi la liste d’attente », se félicite l’Académie nationale de médecine par le biais d’une motion de soutien à ce texte législatif. La Docte Assemblée « estime que toutes les mesures susceptibles d’accroître la possibilité de transplantation doivent être recherchées. Tout en insistant pour que la famille et les proches soient informés avec le tact et la délicatesse qui s’imposent en de telles circonstances ».
Pour l’auteur de la motion, le Pr Daniel Couturier, « finalement, les praticiens n’auront pas besoin d’avoir l’aval absolu de l’entourage. Ce qui permettra de faciliter, nous l’espérons, les prélèvements d’organes. » Sans vouloir « violenter les proches dans cette situation dramatique, le texte a pour but d’éviter, par une espèce de scrupule excessif, que l’on prive des vies humaines de l’organe dont elles ont besoin. »
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Source : Interview du Pr Daniel Couturier de l’Académie nationale de médecine - Académie nationale de médecine, 20 octobre 2015 – Agence de la Biomédecine, consultée le 26 octobre 2015
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet