Asthmatiques : lattaque cest la meilleure défense
05 mai 2003

« Autant dasthmatiques, autant dasthmes différents » nous explique Marie-Dominique Le Borgne, présidente de l'association Asthme et Allergies dans lIndre-et-Loire. « Quel que soit le traitement, il faut lobserver. Si à un moment donné on en a assez, il faut le dire. Négocier avec le médecin une modification du traitement pour continuer à le suivre. Il faut que les malades comprennent que pour se soigner correctement, dans lasthme contrairement à dautres pathologies, il faut prendre son traitement à titre préventif. »
Le traitement de fond de la maladie asthmatique est en effet un combat incessant contre linflammation des bronches, responsable des symptômes de l'asthme. Avec comme arme de choix les corticoïdes pris par voie inhalée. Pourtant, ces derniers ne suffisent pas toujours à obtenir un bon contrôle de lasthme. Dabord parce que laugmentation des doses qui peut présenter des risques deffets secondaires a ses limites. Mais aussi parce que certaines voies de linflammation bronchique ne sont pas accessibles aux dérivés de la cortisone.
Pour preuve, en dépit d'un traitement bien suivi 20% à 40% des patients se plaignent de symptômes résiduels et dune qualité de vie altérée, signes d'un contrôle insuffisant de l'inflammation bronchique. Dans le Panorama du Médecin , le Pr Antoine Magnan, de Marseille, explique ainsi quune nouvelle étude « conforte
lintérêt dassocier un anti-leucotriène à un corticoïde inhalé chez des asthmatiques mal contrôlés par un corticoïde seul en traitement de fond ». Et le spécialiste dajouter que « lassociation de cet anti-leucotriène peut faciliter lobservance, du fait de la simplicité offerte par son administration sous la forme dun comprimé quotidien le soir au coucher. »
Prendre régulièrement son traitement contre lasthme, cest évidemment fondamental pour empêcher la survenue des crises. Limportant, cest dan-ti-ci-per. Pour Marie-Dominique Le Borgne, « nous avons trop tendance à nous soigner quand le symptôme se présente. On a un mal de tête, on prend un cachet ; on a mal à lestomac, on prend un produit contre les aigreurs... Mais dans lasthme, cela fonctionne totalement différemment. Il faut anticiper, prendre le traitement avant la crise pour ne pas subir les manifestations de la maladie. Souvent, on na pas le réflexe de se soigner comme ça, surtout au début parce que lasthme est une maladie chronique qui sétend dans le temps. »
Cest vrai. Comme toute maladie chronique, lasthme doit en quelque sorte sapprivoiser. Doù lintérêt des associations de patients, des écoles de lasthme, de laccompagnement global du malade
Tout ce qui concourt à ce que les asthmatiques et leur entourage lorsquil sagit denfants - connaissent bien leur maladie. Afin de mieux la dompter. Vous pouvez vous adresser à lAssociation
Asthme et Allergies par son numéro vert,
0 800 19 20 21 ou par courrier au 3, rue Hamelin - 75116 Paris. Et par internet sur www.asmanet.com
Comprendre Faut-il avoir peur des corticoïdes ?
Puissants anti-inflammatoires, les dérivés de la cortisone présentent des risques multiples. A fortes doses et au long cours, en comprimés, en injections ou même lorsquils sont inhalés car alors, environ 30% du produit passe dans le sang. Le plus connu est celui dune déminéralisation osseuse avec ostéoporose : une femme qui a absorbé quotidiennement 1,2 mg/jour de corticoïdes entre 30 et 50 ans voit son risque de fracture du col fémoral à 65 ans multiplié par plus de deux ! Autre risque, très médiatisé dans les années 70 par la maladie de Georges Pompidou, la rétention deau. Ajoutons à cela que les corticoïdes inhibent la croissance, quils sont responsables de glaucomes ou de cataractes, quils interviennent dans le métabolisme des graisses, des sucres
et même sur le psychisme !
Associés à certains antibiotiques, ils peuvent aussi provoquer des accidents graves comme la rupture du tendon dAchille. Ils peuvent également provoquer des effets secondaires directement liés à linhalation : une voix plus rauque, une gêne au niveau du pharynx, des mycoses buccales... Doù limportance dutiliser correctement son inhalateur et de bien se rincer la bouche et la gorge après chaque inhalation ! Enfin la peau samincit, devient plus fragile et présente des réactions de photosensibilisation en cas dexposition au soleil
Alors certes, la cortisone est un grand médicament dont nous ne pourrions sans doute pas nous passer ! Il est vrai aussi que ses conditions dutilisation ont une grande importance. Chez lasthmatique où ces produits sont surtout inhalés, labsorption atteint tout de même 30%, et les médecins cherchent toujours à utiliser la plus faible dose efficace possible. Sans oublier quà partir dun certain point, laugmentation des doses naméliore plus les symptômes de la maladie
tout en augmentant les effets secondaires du traitement.