Bien vieillir, c’est toute une histoire…

15 septembre 2011

Pour bien vieillir, les Européens considèrent qu’une bonne hygiène de vie est indispensable. Cette notion est encore plus marquée chez les Français. Une étude Pileje/Ifop dresse un portrait particulièrement contrasté de la longévité sur le Vieux continent. Les variations d’un pays à l’autre sont en effet très importantes : Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni.

Une courte majorité d’Européens (52%) souhaite vivre très vieux, au-delà de 100 ans. Sur ce point précis, les Italiens (62%) et les Espagnols (63%) se distinguent nettement de la France (48%) et du Royaume-Uni (49%). C’est en Allemagne que l’on trouve le plus de réfractaires à une très longue vie : 44% seulement des Allemands disent vouloir vivre très âgés. Une large majorité (71%) des sondés pense vivre plus longtemps que ses parents. En moyenne, les Français estiment que leur espérance de vie sera de 85,3 ans. De manière générale, les Européens ont tendance à considérer la vieillesse comme un moment heureux. Au premier rang des conditions indispensables, ils citent la conservation des moyens physiques (56%) et intellectuels (51%). Le fait de disposer d’un minimum de ressources (31%), d’être entouré (26%) ou encore de continuer à avoir une vie sociale (17%) sont évoqués dans des proportions moins importantes. Près de huit sondés sur dix estiment que la nutrition, la phytothérapie et la micro-nutrition permettent de renforcer l’organisme et aident à mieux vieillir. Pour Anne-Marie Guillemard, professeur de sociologie de l’Université Paris Descartes (Paris), « le bien vieillir repose avant tout sur une stratégie préventive globale d’une bonne hygiène de vie. Le préventif l’emporte largement sur le curatif ». C’est quoi le vieillissement ? C’est un processus inéluctable complexe. Il fait intervenir des mécanismes variés, des molécules dont les propriétés sont découvertes au fil des jours, et certaines parties ou organes de nos cellules, qui nous semblaient jusqu’alors dévolues à un tout autre rôle... Ainsi, la manière de mieux gérer notre potentiel génétique passe par des mécanismes épigénétiques. Ils se voient aujourd'hui reconnaître un rôle important dans le vieillissement. Et ce sont en particulier l'alimentation et la micronutrition, c’est-à-dire l’apport adapté en micronutriments comme les vitamines et les minéraux, qui permettent aux phénomènes épigénétiques de se dérouler de façon adéquate. La mitochondrie, capitale pour le vieillissement. Les mitochondries sont les centrales énergétiques de nos cellules. Elles sont ce que l’on appelle des organites, des petits organes situés à l'intérieur de nos cellules. En tant que fournisseurs d'énergie, leur rôle est fondamental. Elles interviennent également dans la mort cellulaire, et sont à l'origine de la production de radicaux libres. Produits en excès, ces derniers sont toxiques. En faible quantité, ils sont au contraire nécessaires à l’équilibre cellulaire. Avec le vieillissement, les mitochondries produisent davantage de radicaux libres, et les signaux qu'elles envoient au noyau s’en trouvent modifiés. « La micronutrition apporte à la mitochondrie des éléments lui permettant de réguler la production de radicaux libres » enchaine le Pr Fontaine, nutritionniste et chercheur à l’INSERM. « Une des théories du vieillissement associe celui-ci aux radicaux libres, ce qui a été prouvé dans plusieurs espèces animales dont les souris. Il est fort vraisemblable que cette théorie soit également valide chez l'Homme... » Le resvératrol est l'un des micronutriments impliqués dans les processus liés au vieillissement. Il appartient à la classe des polyphénols, bien connus pour leur effet antioxydant, c'est-à-dire leur capacité à inhiber l'oxydation produite par les radicaux libres, et qui peut endommager nos cellules. « Le resvératrol est synthétisé par les plantes et constitue leur système de défense face à certaines agressions (bactériennes ou autres) » explique Amandine Brochot, docteur en biologie spécialisée en nutrition. « Dans des études menées chez l'animal, le resvératrol mime en particulier les effets obtenus par la restriction calorique. Laquelle on le sait, est capable d'allonger la durée de vie et de diminuer l'impact des maladies dites de ‘civilisation.’ » Le resvératrol interagit avec la mitochondrie, en optimisant la voie de signalisation de l'insuline. « Il permet de rétablir le bon fonctionnement de la mitochondrie, d'améliorer la sensibilité à l'insuline et de diminuer la glycémie », poursuit Amandine Brochot. Vieillissement et alimentation « Avec le vieillissement, les réactions épigénétiques ne sont plus aussi efficaces », explique André Burckel, pharmacien biologiste. « Cela peut changer notre manière d’exprimer les potentialités de nos gènes. Pour limiter tout déséquilibre, des apports en micronutriments adéquats sont (donc) nécessaires. » Il est ainsi important de consommer des folates (vitamine B9), de la vitamine B12 et de la méthionine, qui est présente dans les protéines animales et végétales. On peut y ajouter le resvératrol (raisin), la quercétine (oignon), la curcumine (curcuma)... Par exemple, l'acide folique se trouve principalement dans les légumes à feuilles vert foncé (choux, épinards, mâche, blettes...), les légumes secs, le foie. « Par un bon équilibre micronutritionnel tout au long de la vie, les phénomènes d'instabilité épigénétique peuvent être évités ou minimisés, et avec eux certaines maladies... » espère André Burckel. Qu’est-ce que le French Paradox ? Selon ce concept, malgré une consommation élevée de graisses animales, l’incidence des maladies cardiovasculaires dans le Sud-ouest de la France est plus faible que dans le Nord et dans les autres pays d’Europe. L'une des hypothèses envisagées pour expliquer ce paradoxe est la consommation de resvératrol présent dans le vin rouge et son possible effet antioxydant.
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