Des ongles et des champignons…

01 mai 2002
Parmi les 6 millions de français qui se trouvent concernés, la moitié ne savent pas que l’ongle abîmé, qui a attiré leur attention par un changement de couleur par exemple, est infecté par de minuscules champignons. Les autres sont persuadés qu’on ne peut rien y faire. Et ils n’en parlent donc pas à leur médecin. « Quant à ceux qui nous en parlent, ils le font trop tardivement », regrette Robert Baran. « Quand la vie de l’ongle est menacée, quand les conséquences de l’infection ont pris trop d’importance ». A nous, de regarder de plus près nos ongles de mains et surtout des orteils… Avant l’été, une inspection s’impose ! Des signes qui ne passent pas inaperçus Un ongle atteint par un champignon change d’aspect. Il s’épaissit, se décolle, s’effrite jusqu’à disparaître si l’on ne fait rien. Sa couleur perd son rose nacré et passe au blanc jaunâtre, au brun, parfois même au vert ! L’ongle peut aussi présenter des tâches qui s’étendent avec le temps ou même, parfois, des tuméfactions douloureuses. Des champignons microscopiques qui choisissent leurs hôtes Les mycoses sont provoquées par des champignons microscopiques. Ils se nourrissent de la substance dure de l’ongle, la kératine. Huit fois sur dix il s’agit d’un dermatophyte, qui s’installe de préférence sur l’ongle du gros orteil. Le plus souvent et sans que l’on sache bien pourquoi, ce type de mycose atteint des hommes. Dans les autres cas, les responsables de l’infection sont des levures. Généralement du type candida qui s’attaque aux ongles de la main. Et là au contraire, ce sont surtout les femmes qui en sont victimes… Enfin mais c’est plus rare, des moisissures peuvent aussi se développer à la suite d’une dermatose ou d’un traumatisme. Même minime en apparence. Très rare chez l’enfant, ce type d’infection est de plus en plus fréquente avec l’âge. D’abord chez les adolescents et les jeunes, et puis surtout à partir de la cinquantaine. Tant et si bien qu’après 70 ans, une personne sur deux abrite ces hôtes indésirables. Cela étant, les champignons n’entrent pas dans (ou plutôt sous) les ongles par hasard. Il leur faut des conditions favorables ou des facteurs de prédisposition. Un environnement chaud et humide Ce n’est pas une nouveauté : chaleur et humidité concourrent à la création d’un environnement propice à la prolifération des champignons ! Mais dans le cas présent, ce sont de vos chaussures qu’il s’agit. Chaussures de ville bien fermées ou, plus encore, baskets ou bottes en caoutchouc dans lesquels vos pieds macèrent. Les champignons affectionnent aussi les tapis et le carrelage de la salle de bains, la descente de lit, les bordures de piscines, les saunas et hammams, les salles de sports... Les sportifs - on pense aux nageurs, aux joggeurs, aux basketteurs - et en général tous ceux que leur profession met en contact permanent avec l’eau sont les plus touchés : gare aux plongeurs, coiffeurs, ostréiculteurs et employés d’établissements thermaux par exemple… Des portes d’entrée minuscules ou des conditions inattendues Il suffit que l’ongle reçoive un coup, qu’il subisse une petite coupure, un geste maladroit de manucure ou en encore, que sa couche supérieure soit attaquée par des détergents, du dissolvant ou tout autre produit agressif… Et hop ! La porte est ouverte aux champignons ! Il suffit également que les orteils soient mal positionnés dans une chaussure trop fermée, qu’ils se chevauchent pour que les ongles en pâtissent. Gare au retour de la mode des souliers à bouts pointus. Ils vont faire des malheurs cet été, craignent les dermatologues. D’autres facteurs, auxquels on ne pense pas, peuvent aussi favoriser la contamination. Il s’agit du diabète, de l’obésité, d’un psoriasis, des maladies vasculaires et de toutes les affections qui diminuent nos défenses immunitaires. Parfois, l’onychomycose elle-même révèle la maladie, jusqu’alors passée inaperçue… Une dissémination rapide Le danger principal de l’onychomycose est sa grande contagiosité. Car le champignon responsable peut s’attaquer à d’autres parties du corps : la peau ou les cheveux par exemple, qui ont des composants communs avec les ongles. Inversement, l’infection de l’ongle peut être due au grattage d’une autre partie du corps. Attention à ne pas marcher pieds nus. Sans vous en rendre compte, vous risquez de contaminer d’autres personnes de votre entourage en disséminant des filaments de champignons sur le sol, des objets divers ou des serviettes de bains. Voilà pourquoi il n’est pas rare de trouver plusieurs personnes atteintes dans la même famille. Enfin, il y a danger pour toutes les personnes dont les défenses immunitaires sont diminuées : chez elles, l’infection se développe plus rapidement. Des conséquences parfois lourdes « Avoir un ongle abîmé, taché, effrité, c’est mal vécu » reconnaît le Dr Robert Baran. « Les femmes plus que les hommes, font alors ce qu’elles peuvent pour cacher leurs mains. Elles portent des gants, camouflent leurs ongles sous des vernis et des faux ongles, elles cessent de se mettre pieds nus durant l’été, filent sans arrêt leurs bas ou leurs chaussettes… bref cela peut tourner à l’obsession, à l’exclusion sociale. On hésite à sortir, à partager des activités de loisirs…» Mais pire encore est la douleur provoquée par la marche ou la station debout. C’est un véritable handicap. Surtout pour les personnes âgées, qui ont de plus en plus de difficultés à se chausser. Quant à l’atteinte d’un ongle de la main, elle peut entraîner la perte du tact au bout des doigts, et donc de la dextérité. N’attendez pas pour consulter un médecin C’est à un médecin généraliste ou dermatologue, et non à un pédicure-podologue que vous devez montrer un ongle abîmé. Ne cherchez pas à vous traiter par vous-même. Ce serait pire que tout ! Jamais l’onychomycose ne guérit spontanément. Un traitement médical est toujours indispensable. Pour vous assurer qu’il s’agit bien d’un champignon, pour que votre médecin puisse l’identifier, un prélèvement doit d’abord être fait en laboratoire. En effet, il n’y a pas plus trompeur qu’une tâche sur un ongle. On peut facilement la confondre avec un psoriasis débutant, par exemple. Si le prélèvement par grattage ou découpe de l’ongle ne dure que 20 minutes, le résultat lui peut se faire attendre. Car il faut 3 semaines d’attente avant qu’une culture de dermatophyte ne prenne... Pour le traitement, armez-vous de patience Certes, il n’est pas compliqué. Enfin, s’il est commencé assez tôt. Mais il est toujours assez long. Sachez en effet que la repousse d’un ongle de main peut nécessiter de 4 à 6 mois, et celle d’un ongle d’orteil de 12 à 18 mois ! Lorsque l’atteinte est limitée - moins des deux tiers de l’ongle – le médecin prescrit des antifongiques locaux. Si le résultat n’est pas suffisant au bout de trois mois pour les mains ou six mois pour les pieds, il peut aussi associer un traitement oral. Enfin lorsque la matrice est atteinte – c’est-à-dire la région interne proche de la phalange – il est généralement nécessaire d’associer trois types de traitements : local, oral et mécanique, par meulage ou abrasion chimique… L’un dans l’autre, tout ceci peut durer entre 6 et 12 mois. Autant dire qu’il y faut une grande patience et une étroite surveillance, surtout chez les personnes âgées ou fragiles. « Un problème subsiste », nous a confié le Dr Baran. « C’est celui des récidives, liées à la plus ou moins bonne observance du traitement. Pour que ce dernier soit pleinement efficace, il se doit d’être le moins contraignant possible. Certains antifongiques permettent de ramener le nombre d’applications à une ou deux par semaine et cela, uniquement sur l’ongle atteint, avec des spatules plus faciles à utiliser ». Le malade est alors mieux motivé à bien assurer le suivi de son traitement… Pour éviter les récidives, quelques précautions indispensables · traitez tous les foyers infectés - plante des pieds, espaces interdigitaux – et toutes les sources de contamination - chaussons, chaussures, tapis de bain, serviettes de toilette…- et celà pour tous les membres de la famille ! · n’utilisez pas les mêmes nécessaires pour les ongles sains et ceux qui sont atteints. Jetez les limes à ongles après chaque usage et ne marchez pas les pieds nus sur des sols publics ni à l’hôtel… · Essuyez-vous les mains et les pieds avec précaution, changez de chaussettes chaque jour, portez des gants en coton en dessous de vos gants en caoutchouc, évitez de porter des baskets en dehors des activités sportives, évitez enfin la pose de faux ongles ou les soins de manucure agressifs. Et pour en savoir plus, adressez-vous à L’ONO. Créé à l’initiative du Dr Baran et des Drs Feuilhade et Duhard, tous les trois dermatologues et spécialistes de l’ongle, cet Observatoire National de l’Onychomycose lance deux grandes enquêtes auprès de 35 000 patients en dermatologie, et de… 300 000 en médecine générale. Les informations recueillies constitueront ainsi la plus grande base de données sur le sujet au monde ! Cela c’est pour plus tard, mais vous pouvez d’ores et déjà vous procurer gratuitement une brochure d’information par courriel, à ono@aurique.com
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