Lasthme : une maladie
en pleine explosion, au nord comme au sud
20 mars 2003
Ce nest pas une maladie simple. Il ny a pas un asthme, mais des asthmes. Avec tous un dénominateur commun : une inflammation des bronches diffuse, déterminant la sévérité des crises, réversible et variable dans le temps. Encore sagit-il dune notion récente. Dans les années 50 en effet, lasthme était considéré comme le résultat dune obstruction des bronches. Dix ans plus tard on « découvrit » quil existait en outre une hyper réactivité bronchique. Dans les années 80, les spécialistes ont estimé que lasthme était dû à la combinaison dune inflammation et dune obstruction des bronches. Plusieurs facteurs principaux, comme lexercice physique, les allergènes, lair froid et sec, les infections virales peuvent être impliqués dans le processus inflammatoire.
Apparaissant souvent pendant lenfance - mais pas toujours - lasthme choisit ses victimes bien plus chez les petits garçons que chez les petites-filles. Les crises sont variables dune personne à une autre, lasthmatique éprouvant des difficultés respiratoires terriblement angoissantes. Elles peuvent être provoquées par des facteurs allergiques, infectieux, environnementaux, psychologiques
Chacun doit apprendre à connaître sa maladie pour éviter ces crises dont lampleur et la gravité signent le mal qui les frappe.
Aujourdhui, lasthme se soigne très bien !
Il peut exister une prédisposition génétique, et la notion de terrain allergique est désormais clairement reconnue. Pourtant, lexplosion du nombre de cas en si peu de temps ne peut être liée à des changements génétiques. Quant à la pollution, si elle joue bien un rôle dans le déclenchement des crises, elle nest pas la cause de la maladie. Pour preuve le fait quen 1989 la ville de Leipzig, une des plus polluées de lex-Allemagne de lEst, comptait bien moins dasthmatiques que Munich la Bavaroise, à lair beaucoup plus pur.
En fait, les progrès de la maladie seraient dus à des changements dans notre mode de vie. Aujourdhui, lasthme se soigne très bien. Même bénin, celui de lenfant doit être traité pour préserver ses capacités respiratoires à lâge adulte. Lobjectif du traitement nest pas de guérir la maladie mais daméliorer la qualité de vie. Il faut pour cela bloquer tous les mécanismes de linflammation bronchique y compris les leucotriènes, dont le rôle est reconnu mais qui étaient hors de portée des traitements conventionnels. Cest aujourdhui possible. Des anti-leucotriènes assurent un meilleur contrôle en réduisant la quantité de médicaments agressifs cortisone et dérivés qui constituent la pierre angulaire du traitement de fond de la maladie.
Cela nécessite pourtant une vraie prise de conscience du patient. Il doit apprendre à cohabiter avec son asthme. Une coexistence qui peut avoir des conséquences heureuses : on ne compte plus ceux qui sont devenus des sportifs de haut niveau, parce que dans lenfance la pratique du sport leur avait été conseillée au titre de la rééducation respiratoire. De là à dire quil y aurait un « bon côté » de lasthme
Comprendre Asthme : un livre pour tous les jours
Voilà un livre résolument «
différent », qui confronte les points de vue du malade, du pneumologue et dun psy. «
Mieux vivre avec lasthme » prend ainsi en compte les multiples facettes de la maladie. Trois auteurs pour moins de 150 pages, cest la promesse dune «
conversation » doù la monotonie est absente !
Comment gérer les crises, apprendre à les sentir «
monter » en détectant leurs signes avant-coureurs ? Comment améliorer le quotidien en famille, à lécole, au travail ? Comment éviter le stress et les angoisses ? Mieux vivre avec lasthme, co-écrit par les Prs Pierre Duroux et Michel de Boucaud avec Marie-Dominique Le Borgne, est publié par les éditions Odile Jacob au prix de 16,80 euros. Mais les 50 premiers lecteurs de Destination Santé qui le demanderont pourront le recevoir gratuitement. Il suffit décrire à Virginie Jaubertou, Laboratoires MSD-Chibret, 3, avenue Hoche, 75008 Paris.
Allergies : des facteurs génétiques, mais pas seulement !
Une incidence multipliée par deux tous les dix ans. Sil existe une prédisposition génétique, dautres facteurs expliquent cette explosion. Au dernier salon de la médecine, le Médec, le Pr Pierre Scheinmann, chef de service de Pneumo-Pédiatrie à lhôpital Necker de Paris a expliqué que «
dans des familles dallergiques, si les deux parents sont allergiques, leurs enfants présentent 50% de risque dêtre également touchés. Si un seul parent est concerné, le risque chute à un tiers et à 10% quand aucun des parents nest atteint ».
Cependant la génétique ne peut à elle seule tout expliquer. Des facteurs environnementaux participent aussi à lémergence de cette « épidémie ». Pollution, tabagisme passif, infections virales
Des moyens existent pour limiter lapparition des allergies. Le fait de retarder la diversification alimentaire en est un. Mais une fois la maladie installée, léviction des allergènes reste le moyen le plus efficace.