Le marathon de la maternité : comment se préparer, s’entretenir et vivre l’après-bébé

01 avril 2001
Dès ses tout premiers stades, l’ensemble des besoins nutritionnels augmente. Dans des proportions de 10% à… plus de 1000% selon le nutriment, ce qui complique singulièrement l’élaboration d’un régime équilibré… Les besoins énergétiques augmentent d’à peine 10%, mais les besoins en calcium croissent de 30%. Et la consommation de fer pour sa part, passe de 0,8 mg/jour à… 10 ou 12 mg/jour ! Il ne s’agit donc pas de manger pour deux mais de manger mieux. Cette augmentation des besoins se répercute à tous les niveaux. Si les sucres sont destinés à l’alimentation du fœtus, les graisses stockées par la mère peuvent être transformées en sucres en cas de besoin. Enfin… en principe ! Quant aux minéraux et autres oligo-éléments, ils connaissent des sorts différents. Les besoins en calcium passent de 900 à 1 200 mg par jour pour assurer le développement du fœtus et préserver le squelette maternel. La consommation quotidienne de fer passe de 0,8 mg… à 12 mg ! C’est lui qui fixe l’oxygène dans les globules rouges, dont le nombre augmente face aux besoins de la mère et de l’enfant. La consommation de magnésium augmente de 40% et celle des vitamines de 10% à 50% selon les cas. Bref, ce n’est pas le moment de vous lancer dans un régime restrictif ! Et encore n’est-ce pas tout ! Comme le soulignent les Drs D. Bouglé et A. Proust du CHU de Caen, « pratiquement 35% des femmes jeunes non enceintes ont des taux plasmatiques de zinc inférieurs aux normes. » Il est donc vraisemblable que cet état carentiel se prolonge durant la grossesse, alors que les besoins sont triplés pendant les deux premiers trimestres, puis multipliés par 10 au cours des trois derniers mois. « Or une carence d’apports en zinc multiplie par 4 le risque d’anémie (tandis) qu’une carence en fer ajoutée à celle en zinc multiplie par 5,4 le risque de prématurité. » D’autres carences provoquent des malformations congénitales. Graves et parfois dramatiques. C’est le cas des anomalies de fermeture du tube neural dont nous reparlerons. Elles se constituent très tôt - dès la troisième ou quatrième semaine - mais peuvent aussi être prévenues… Durant cette période, une alimentation « diversifiée, équilibrée et suffisante » est absolument indispensable : Les protides :
  • viandes, poissons, œufs fournissent des protéines et du fer. Leur consommation doit être quotidienne ;
  • Les produits laitiers apportent du calcium mais aussi des protéines et… des lipides. Donc, attention aux desserts et petits excès !
Les glucides :
  • Les féculents -céréales, riz, pâtes, légumes secs, pomme de terre et pain - vous apporteront des sucres lents, le principal « carburant » du fœtus. A prendre au moins une fois par jour ;
  • Fruits et légumes procureront des sucres rapides et surtout des vitamines et minéraux. Leurs fibres maintiendront un transit intestinal ralenti par la grossesse ;
  • Quant aux sucreries, elles sont sans intérêt nutritionnel.
Les lipides :
  • les matières grasses sont indispensables au cerveau en formation comme à la mère, mais ne doivent pas représenter plus de 30% de la ration calorique. Pour ces 60 g à 80 g quotidiens, huiles d’olive et tournesol, de colza ou de noix…
Pour le reste, hygiène et bon sens : beaucoup d’eau ; au moins trois repas par jour sans jamais en sauter aucun ; en cas de petit creux une barre énergisante. Evitez enfin les régimes « sauvages ». En particulier la privation de sel, sauf indication formelle de votre médecin. Et puis… identifiez les ennemis de Bébé : l’alcool qui passe dans votre sang…et le sien. Mais aussi le trio colas, café et thé. Ces excitants nuisent à l’absorption du fer. Quand l’hygiène de vie ne suffit pas… Voilà de beaux principes, pas si difficiles à respecter. Mais les pressions de la vie rendent parfois difficile la contrainte d’une hygiène régulière. En outre, les besoins évoluent. Trois médecins de l’hôpital Edouard Herriot à Lyon soulignent ainsi qu’il existe deux périodes distinctes. « Durant les 4 premiers mois (…) une restriction énergétique, minérale ou vitaminique peut (entraîner) des malformations ou un risque de mort fœtale. » Les malformations dues au déficit en acide folique affectent ainsi une naissance sur mille ! Quant à la seconde période, où le fœtus utilise les éléments nutritionnels de la mère, sa « croissance peut être perturbée, 95% du gain de poids se faisant dans les 20 dernières semaines. » Voilà pourquoi la Faculté peut recommander une supplémentation quasi systématique de l’alimentation. D’abord avec des « cocktails » de sels minéraux – fer, zinc, magnésium, cuivre, calcium…- et de vitamines B – B1, B2, B6, B8 et B12 – C et E. Ils existent sous différentes formes – par exemple Oligobs Grossesse – et le principal critère doit être l’achat en pharmacie. La régularité de la formule et le suivi de la fabrication sont ainsi garantis. La supplémentation sera poursuivie durant la période d’allaitement, où les vitamines du groupe B protégeront la peau, les cheveux et les ongles… Toutes les femmes doivent-elles opter pour une supplémentation ? La plupart des études françaises montrent qu’un pourcentage notable de femmes ont des réserves en fer faibles, voire nulles, souligne Impact Médecin . Cette carence affecte l’enfant par des retards de croissance, et la mère chez qui elle augmente les risques d’hémorragies. D’où la nécessité « d’utiliser des complexes équilibrés de manière à éviter tout risque toxique. » Acide folique : un impératif Le cas des folates – vitamine B9 ou acide folique – est particulier. Les malformations congénitales par défaut de fermeture du tube neural, qui donne naissance à la moelle épinière et à la colonne vertébrale, sont en augmentation. Or les pouvoirs publics estiment qu’une supplémentation en folates permettrait de les prévenir à 50%. Ces malformations dramatiques - spina bifida ou anencéphalie – sont souvent incompatibles avec la survie. Ou synonymes de handicap. Alors que la contraception orale avant la grossesse paraît entraîner une baisse de la concentration plasmatique en folates, comment priver l’enfant de la chance offerte par la supplémentation ? Les folates se trouvent en abondance… dans les légumes verts à feuilles - épinards, oseille, poireaux…- les agrumes et légumes secs. Mais cela ne suffira pas, et les grossesses commencées en automne-hiver se distinguent encore plus par la dégradation du statut maternel en folates ! Certaines mères sont particulièrement exposées. Par leurs antécédents personnels ou familiaux, ou la prise de médicaments. Le ministère de la Santé souligne qu’elles doivent recevoir 5 mg d’acide folique par jour, mais pour toutes les autres, « une supplémentation systématique est préconisée, à une dose de 0,4 mg par jour. » Dans le même communiqué, il précise que « cette prévention doit être entreprise 4 semaines avant la conception et se poursuivre 8 semaines après celle-ci. » Enfin tous les suppléments ne sont pas utiles ni efficaces. En attendant « qu’une spécialité pharmaceutique d’acide folique, en principe actif unique et dosée à 0,4 mg soit disponible, un complément alimentaire contenant uniquement de l’acide folique dosé à 0,2 mg par comprimé, l’acide folique CDD » est signalé par les pouvoirs publics. La supplémentation, aujourd’hui, n’est ni un gadget ni un luxe. Elle a fait ses preuves mais doit être menée avec compétence. Demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien, ils ont reçu les informations nécessaires. La grossesse pas à pas… Les consultations prénatales permettent de dépister au plus tôt la moindre anomalie. Mensuelles dès le 3ème mois, elles seront au nombre de 7. La première doit se tenir avant la 14ème semaine d’aménorrhée (c’est-à-dire d’absence de règles, n.d.l.r.). Confirmant la grossesse, elle sera la première occasion pour le médecin de connaître sa patiente et d’évaluer ses facteurs de risque : un oubli ou une erreur peuvent ne pas se rattraper et être lourds de conséquences. Trois échographies sont prévues :
  • A 14 semaines, la première évalue la vitalité de l'embryon et sa taille, confirmant la date de conception ;
  • La seconde intervient entre 20 et 25 semaines. Elle est capitale pour dépister une anomalie au terme d’une exploration minutieuse de tous les organes ;
  • La troisième se tient au 8ème mois. Elle précise la taille de la tête de l'enfant par rapport au bassin, et prépare l’accouchement.
Alcool et tabac : des risques dramatiques L’alcool à hautes doses accroît le risque de déformation du visage et d'anomalies osseuses et cardiaques. L’enfant peut souffrir d’un syndrome de sevrage, et d’un retard mental à long terme. L’alcoolisme n'est pas une fatalité. Mais une maladie qui se traite... Enfin, 25% des femmes enceintes sont des fumeuses ! Dans ces conditions rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « les risques de fausse couche, de faible poids à la naissance et de retard de croissance » sont augmentés. Et après la naissance, « le syndrome de mort subite du nourrisson et les maladies respiratoires, - bronchite, rhumes et pneumonies - sont plus fréquents chez les enfants soumis au tabagisme passif ».
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