Maladies articulaires : comment ne plus souffrir ?

21 juin 2004
L’arthrose affecte pratiquement 6 millions de Français. Soit 10% de la population. Et à l’échelle mondiale, on estime à 195 millions le nombre de celles et ceux qui en souffrent. Pas étonnant que l’arthrose se voit fréquemment accoler l’image d’une fatalité. Comme si elle était indissociable du vieillissement et du cortège de « petites misères » qui l’accompagnent. Mais à bien y regarder, cette soit-disant fatalité revêt les dimensions d’un problème de santé publique majeur. Comme nous l’explique le Pr René-Marc Flipo, rhumatologue au CHU de Lille, « L’arthrose reste la maladie articulaire la plus fréquente. C’est avec le vieillissement de la population, l’une des principales préoccupations de santé publique. Ce n’est pas un simple phénomène de vieillissement articulaire, c’est une véritable maladie du cartilage. » Une maladie qui ne tue pas. Mais elle entraîne des coûts - sociaux mais aussi économiques - très importants. Et son caractère chronique fait que ce fardeau va peser pendant des années sur le malade, sur ses proches et sur… la société. Car cette affection génère chaque année en France des millions de consultations médicales, des dizaines de millions de prescriptions. Et des dizaines de millions de journées d’arrêts de travail Elle est caractérisée par l’altération d’une articulation, dont elle provoque la dégénérescence. Quand sa cause n’est pas clairement identifiée, les médecins parlent d’arthrose idiopathique ou primitive. Quand, à l’inverse une cause précise lui est reconnue, alors l’arthrose est dite secondaire. Le maître symptôme, c’est la douleur ! Nous ne connaissons pas tous les mécanismes de cette maladie complexe. Ce que l’on sait, c’est qu’elle se caractérise par une lésion des articulations, sans inflammation. Elle débute par une simple altération du cartilage articulaire. Celui-ci se fissure, puis la lésion évolue jusqu’à la destruction complète. Ensuite, le frottement des surfaces osseuses dénudées va les user, provoquant une inflammation locale au niveau des genoux, de la hanche, des doigts ou bien encore de la colonne vertébrale. Pour René-Marc Flipo, « le maître symptôme de l’arthrose, c’est la douleur articulaire. Ce que l’on appelle une douleur mécanique. Elle va apparaître quand le patient ressent une fatigue ou après un effort physique. Au repos elle disparaît. Parfois certains vont présenter de véritables poussées, ce que l’on appelle les poussées congestives d’arthrose, où les douleurs sont plus intenses et pour le genoux notamment, cela peut s’accompagner d’un gonflement articulaire. » Quand on vous parle d’arthrose vous pensez grand-âge, doigts noueux, canne ou démarche hésitante... ? Certes comme pour beaucoup de maladies, l’âge est un facteur de risque dans son apparition et son évolution. Mais cette maladie n’est pas l’apanage des seniors : 25% des moins de 40 ans souffrent d’arthrose. Et près des trois quarts des plus de 45 ans en sont affectés. Elle ne se guérit pas comme une mauvaise grippe. Il faut vivre avec, sans lui permettre de nous pourrir la vie. Les médecins prescrivent d’abord des médicaments antidouleur, ce qu’on appelle des antalgiques. Si cela ne suffit pas, le recours aux anti-inflammatoires devient nécessaire pour éviter que la douleur ne réduise la mobilité. Jusqu’à un passé récent, ces médicaments présentaient des inconvénients sérieux. Ils provoquaient notamment des troubles gastriques graves, parfois mortels, qui prenaient les proportions d’une épidémie : plus de 16 500 morts chaque année aux Etats-Unis, environ 2 000 en Grande-Bretagne ou en France, sont dus aux anti-inflammatoires traditionnels. Mais selon René-Marc Flipo les choses ont bien changé. « Les nouveaux traitements de l’arthrose, les nouveaux anti-inflammatoires appelés les coxibs, sont aussi efficaces que les médicaments conventionnels, avec un profil de tolérance indiscutablement meilleur. Donc ils ont une place tout à fait intéressante, voire privilégiée chez les sujets un peu âgés. » Les médecins disposent de moyens thérapeutiques efficaces et sûrs Des patients plus fragiles en effet. Non pas tellement parce qu’ils sont moins jeunes, mais parce qu’ils ont souvent pris des anti-inflammatoires agressifs pour leur estomac. Et cela pendant des années. Or aujourd’hui , les médecins disposent des moyens pour maintenir la mobilité sans risque gastrique. De nos jours on ne devient pas grabataire à cause d’une arthrose. On est gêné, on a des douleurs, mais on n’est pas invalide ! En diminuant les phénomènes douloureux, les médecins peuvent améliorer le handicap fonctionnel. Et alors le malade recouvre une meilleure activité. Ainsi par ce biais, même si on n’est pas capable de guérir l’arthrose, on améliore réellement la qualité de vie des arthrosiques. Il est impératif également de veiller aux traitements non-médicamenteux, en particulier la réduction de la surcharge pondérale. Sans oublier bien sûr de pratiquer un sport pour se muscler. Car contrairement à une idée reçue la pratique d’un sport dit « doux », comme la natation, la bicyclette ou la marche s’avère extrêmement bénéfique pour les arthrosiques. Polyarthrite : la douleur perturbe le sommeil L’exercice physique permet tout à la fois de préserver la mobilité des articulations et de faire travailler les muscles. Ce sont des choses simples qui peuvent soulager et éviter une aggravation de la douleur. La polyarthrite rhumatoïde, elle, provoque des invalidités graves. C’est le rhumatisme inflammatoire le plus fréquent. Elle atteint en France de 300 à 600 000 personnes dont 75% de femmes. Elles déclarent la maladie entre 40 et 50 ans et dans le monde, ce sont pratiquement 60 millions de personnes qui se retrouvent privées de leur autonomie ! La polyarthrite rhumatoïde se caractérise par une atteinte des tendons et des articulations. Ces dernières deviennent gonflées, chaudes et douloureuses, surtout pendant la nuit. Les plus touchées sont les articulations des mains et des pieds. Elles sont atteintes de façon bilatérale et de manière généralement symétrique, les mêmes doigts étant atteints sur une main et sur l’autre par exemple... La maladie évolue par poussées, entrecoupées de phases de rémissions plus ou moins indolores. Chaque poussée entraîne des destructions articulaires qui, à long terme, provoquent des déformations. Ce sont elles qui peuvent mener au handicap et à l’invalidité. Quant aux causes de la maladie, elles restent obscures. Les douleurs, elles, sont bien connues. « C’est une douleur qui existe même au repos, qui n’est pas aggravée par les exercices. Et surtout elle a deux grandes caractéristiques, elle va réveiller les gens, en général en deuxième moitié de nuit, et quand ils se réveillent le matin, ils sont très ankylosés, ils ont besoin de s’échauffer et de se mettre en route. » Les principaux signes évocateurs sont donc les douleurs qui réveillent la nuit, qui entraînent une raideur matinale de plus d’une demi-heure. Lorsqu’on a une et surtout deux articulations qui gonflent, c’est presque toujours un rhumatisme inflammatoire. Une fois la maladie installée, les rémissions sont rares. Probablement moins d’un patient sur dix. Dans les autres cas, l’évolution se fait vers la chronicité et les érosions articulaires. Il a été montré que 70% des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde présentent des signes radiologiques de destructions articulaires dès les deux premières années d’évolution de la maladie. Comme pour l’arthrose, les anti-inflammatoires les plus récents améliorent la prise en charge de la douleur. Certains bio médicaments comme les anticorps monoclonaux et les anti-TNF-alpha, donnent des résultats spectaculaires dans certains cas. Mais ces médicament très techniques doivent être utilisés par des spécialistes très bien formés. Il est également préférable de les administrer en milieu hospitalier, là où le patient va trouver réunis son spécialiste, des infirmières, un laboratoire d’analyse médicales pour le suivi du traitement, une équipe de kiné… Bref ce sont des produits extrêmement efficaces, mais dont l’utilisation doit être bien ciblée et bien encadrée.
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