Ostéoporose : l’insupportable épidémie

01 octobre 2001
Pour attirer l’attention du public et des responsables de la Santé sur cette véritable épée de Damoclès, l’OMS et Destination Santé diffuseront dans les prochains jours, sur la plupart des antennes mondiales de télévision, un film révélation sur ce que l’Organisation appelle une « insupportable épidémie ». Réalisé en partenariat avec l’International Osteoporosis Foundation, (IOF) ce document dont la version originale est en Français comporte aussi des adaptations. En Anglais, en Arabe et en Espagnol pour atteindre le plus large public possible. Il est le premier d’une série consacrée aux grandes priorités de santé publique. En à peine 10 minutes, il s’attache à mobiliser les énergies. Et à lutter contre les idées reçues. Et d’abord, celle qui voudrait que l’ostéoporose affecte exclusivement les femmes âgées. A 30 ans, Anna est atteinte d’ostéoporose depuis plusieurs années. Médecin psychiatre hospitalier, elle vit dans la banlieue de Liverpool avec son mari. Si aujourd’hui elle mène une existence « aussi normale que possible » selon sa propre expression, sa vie a basculé à l’âge de 19 ans. Elle a rapetissé de 5 cm ! Trois ans plus tôt, elle était devenue anorexique. En arrêtant de se nourrir, elle a provoqué l’arrêt de ses règles. Hospitalisée, elle a commencé un long traitement. Deux ans plus tard, elle est enfin sortie de l'anorexie et a pu reprendre ses études. Tout semblait redevenu normal … Jusqu'au jour où à 19 ans, elle s'est écroulée dans sa salle de bains. Elle explique comment elle a ressenti une douleur effroyable dans son dos. Une douleur qu’elle n’avait jamais éprouvée auparavant. Le médecin pense d’abord à une hernie discale... Elle passe des radios et reste deux semaines allongée. Mais quand elle parvient de nouveau à se mettre lentement debout, sa mère réalise qu’Anna est devenue plus petite que ses jeunes sœurs : elle a rapetissé de 5 cm ! Deux semaines plus tard, le diagnostic d’ostéoporose est confirmé. Dans sa course effrénée à la maigreur, son squelette a été atteint.... A 19 ans, elle a dû se faire à l'idée de rapetisser, de changer de forme. Elle a subi des douleurs continuelles dans le dos, mais à force de rééducation et d'exercices, elle a appris à vivre avec. Depuis 5 ans, elle a surmonté l’épreuve. « Je fais en sorte que cela ne m'affecte plus autant et j'essaie de vivre aussi normalement que possible », a-t-elle expliqué à Agnès Poirier, réalisatrice du film de l’OMS. Exemplaire, le cas d’Anna n’est malheureusement pas exceptionnel. Il n’en demeure pas moins que l’ostéoporose reste majoritairement une affection de la seconde moitié de la vie. Le déficit en œstrogènes induit par l’arrêt des cycles menstruels, au moment de la ménopause, bouleverse l’équilibre du squelette. L’os se détruit alors plus vite qu’il ne se reconstruit. Cette perte de masse osseuse entraîne d’abord des tassements vertébraux, puis des fractures des poignets et du col fémoral. L’ostéoporose n’est pas traitée ! Pourtant, même si l’espérance de vie progresse de façon continue, l’ostéoporose n’est pas une fatalité. Nous pouvons sinon la prévenir totalement, du moins en retarder l’apparition. Par ailleurs, nous disposons de moyens de dépistage ou de diagnostic précoce, ainsi que de traitements qui commencent à prouver leur efficacité. Ils permettent d’en ralentir voire d’en bloquer l’évolution. Exemples… L’OMS a aussi rencontré Annette, une directrice d’école à la retraite qui vit à Lyon. Elle a un agenda surchargé. Pourtant à 68 ans, elle aussi est atteinte d’ostéoporose. Mais elle n’a pas baissé les bras. Depuis 8 ans, elle participe à l'étude OFELY à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon. Ce qui lui a permis d'avoir accès à un dépistage, réservé encore à trop peu de femmes faute de remboursement. Au fil des années, sa masse osseuse a diminué. Son squelette s'est fragilisé. La valeur mesurée faisant apparaître qu'elle était atteinte d'ostéoporose, elle a commencé un traitement qui favorise la reconstruction osseuse ... Et si elle est toujours ostéoporotique, sa masse osseuse augmente de nouveau . Et elle se rapproche de la moyenne. Aicha, elle, n’a pas cette chance. A 80 ans passés, cette Marocaine a déjà subi deux fractures de hanche. Elle vit dans la plus grande pauvreté à Casablanca, avec sa petite fille, son gendre et ses 4 arrières petits enfants... Et depuis 12 ans sa maladie, jamais traitée, a continué sa progression. Aujourd'hui, après d'autres fractures, elle est presque invalide et a perdu beaucoup de son autonomie. Au Maroc, 25 à 30% des femmes présentent des signes d'ostéoporose. Car au Maroc et dans bien d’autres pays, l’ostéoporose n’est pas traitée. Elle est perçue comme une fatalité. Comme l’explique le Pr Ouafa Mkinsi, chef du service de rhumatologie de l’hôpital de Casablanca, « la plupart de nos femmes, en fait, dès qu'elles sont ménopausées décident de ne plus voir le gynécologue puisqu'il n'y a plus d'activité pour elles...Elles vivent cela comme un fatalisme en fait et elles ne voient pas du tout la nécessité de continuer à se faire surveiller ou éventuellement à prendre un traitement hormonal substitutif comme traitement préventif de l'ensemble des troubles de la ménopause. » Ouafa Mkinsi a fait réaliser une étude dans le quartier pauvre où habite Aïcha : 25 à 30% des femmes y présentent des signes d'ostéoporose. Des traitements sont disponibles, au Maroc comme ailleurs. Mais pour Nadjia Rguibi, pharmacienne à Casablanca, ils sont hors d’atteinte… « Le salaire minimum au Maroc est l'équivalent de 1300 - 1400 francs français. Un traitement mensuel représente à peu près le quart de ce salaire. C'est inaccessible... c'est inaccessible dans le contexte actuel où il n'y a pas une sécurité sociale généralisée. » Au même titre que l’asthme, le diabète ou certaines affections cardio-vasculaires, l’ostéoporose fait partie des maladies qui changent la vie. Voilà pourquoi le Président de l’IOF, le Français Pierre Delmas, appelle à la mobilisation. « L'avenir, va dépendre de la mobilisation. Si nous arrivons à augmenter la connaissance de la maladie auprès des femmes, à les mobiliser pour qu'elles se prennent en charge, si nous arrivons également à améliorer la connaissance médicale, que les médecins sachent détecter l'ostéoporose chez des femmes par exemple qui ont fait une petite fracture d'apparence anodine, si tout le monde s'y met en quelque sorte, je pense que réellement, on peut réduire le nombre de fractures et augmenter la qualité de vie de ces femmes. » Les facteurs de risque · Un indice masse corporelle inférieur à 22. Rappelons que celui-ci, égal au poids en kg divisé par le carré de la taille en mètres, doit être compris entre 22 et 25. Pour 1,70 m et 65 kg il sera de 65 : (1,7 x 1,7) = 22. Dans ce cas tout va bien.
  • sexe féminin, race blanche ou asiatique
  • ménopause ou absence de maternités
  • absence prolongée de règles ou ménopause consécutive à un traitement médical ou chirurgical, à la pratique d’un sport de haut niveau ou à une anorexie mentale
  • sédentarité, manque d’activité ou immobilisation (maladie ou accident) supérieure à 6 mois
  • tabagisme ou alcoolisme, abus de caféine (café thé ou cola)
  • fracture du fémur chez la mère ou antécédents fracturaires personnels
  • traitements médicamenteux prolongés : asthme, arthrose, phlébite, insuffisance thyroïdienne
  • déséquilibre nutritionnel : apports insuffisants en calcium et forte consommation de protéines, de fibres ou de sodium.
Destination Santé
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