Pour des vacances en toute sécurité, prévoyez un minimum de préparation !
01 juin 2001
« Les deux tiers des Français ne sont pas convenablement vaccinés quand ils partent dans des pays lointains ! » Anesthésiste-réanimateur, le Dr Michel Clérel est médecin chef des Aéroports de Paris. Il est donc un observateur privilégié de la négligence des Français en matière de vaccinations ! Car les maladies traversent d’autant mieux les frontières que nous allons les chercher...
Avant tout départ, vérifiez que vous êtes bien à jour de vos vaccinations de base : tétanos, polio, hépatite B, coqueluche, diphtérie, ROR (rougeole, oreillons, rubéole)… Pour les autres, n’oubliez pas que les pays ne sont pas égaux en matière de santé publique ! Voilà pourquoi certaines vaccinations sont plus spécialement recommandées dans certaines régions du monde.
En cas de doute adressez-vous à votre médecin. Comme le souligne Michel Clérel,« il est conseillé de se faire vacciner trois semaines avant le départ pour être tranquille. Mais il ne faut pas le faire n’importe comment. Certains vaccins ne peuvent pas être associées. Par exemple, il est préférable de faire celui contre la fièvre jaune seul.»
Peu de destinations sont interdites aux malades
Vous souffrez d’une maladie chronique telle que le diabète, l’asthme, l’hypertension artérielle, une maladie cardiaque ou un excès de cholestérol ? La plupart des destinations exotiques vous restent accessibles. « Même lorsque la maladie est bien stabilisée, l’avion, la longueur du vol, l’altitude… peuvent modifier cet état de stabilité. Je conseille donc à chacun de demander l’avis à son médecin, afin que toutes les précautions soient prises.»
En cas de diabète insulinodépendant, vous devrez ajuster votre traitement en fonction des fuseaux horaires. Au-delà de trois heures de décalage, votre médecin vous aidera à aménager les horaires d’injection sans pour autant modifier le protocole thérapeutique. Vous changerez le rythme des injections d’insuline le jour du départ et, pendant quelques jours, augmenterez le rythme des auto-contrôles glycémiques. Emportez quelques doses de sucre ! Si un incident venait à déplacer l’heure d’un repas, elles vous permettront de prévenir un accident hypoglycémique.
Enfin, certains documents peuvent être aussi importants que votre passeport : votre carte de diabétique ; une ordonnance de secours et un certificat médical rédigé en Anglais. Il attestera votre maladie et la nécessité de transporter des seringues !
Médicaments : prévoyez une marge…
Que vous soyez asthmatique, diabétique non insulinodépendant, cardiaque, épileptique ou hypertendu, assurez-vous avant le départ que vous emmenez suffisamment de médicaments. Prévoyez une marge de sécurité, surtout si vous voyagez sur un vol charter. Une réserve d’une semaine de traitement est raisonnable pour pallier d’éventuels retards dus aux transports. Enfin pensez aux conditions de stockage - boîte étanche et éventuellement isotherme - et vérifiez bien les dates de péremption.
Quelques maladies contre-indiquent malgré tout les déplacements aériens. Parce que entre 10 000 et 11 000 mètres, la pression à l’intérieur de l’avion correspond à celle qui règne à 2 000 mètres. L’apport en oxygène est donc diminué. Ce type de vol est déconseillé à certains patients, notamment ceux qui relèvent d’infarctus. Dans les trois premières semaines après l’accident, pas d’autorisation de vol ! Idem pour ceux qui relèvent de chirurgie lourde.
Futures mamans et nourrissons
Mais il n’y a pas que les malades à être interdits de vol. Durant le dernier mois de grossesse, oubliez les voyages aériens ! D’ailleurs les compagnies aériennes refuseront de vous délivrer un billet. A moins que vous ne présentiez un certificat de votre gynécologue. Pour Michel Clérel, « à ce moment le risque d’accouchement prématuré n’est jamais négligeable. En ce qui concerne les nourrissons, ils peuvent voyager très tôt après leur naissance. Ils seront perturbés par les variations de pression dans la cabine. Ils se mettront à hurler au moment de la descente et souffriront de leurs oreilles, mais un biberon d’eau sucrée les calmera... »
Veillez aussi à la déshydratation. Elle est particulièrement fréquente et dangereuse chez les jeunes enfants… et les personnes âgées. Mais elle guette tous les passagers ! En effet, l’air de la cabine est totalement renouvelé toutes les deux minutes. La moitié avec de l’air pris à l’extérieur, réchauffé au niveau des réacteurs puis rafraîchi à une température convenable. Ainsi traité, cet air est totalement sec.
Embolies pulmonaires : pas si rares !
L’autre partie provient du recyclage complet de l’air vicié de la cabine, et tire son humidité… de la respiration et de la transpiration des passagers. De sorte que cet « air en boîte » est de 4 à 5 fois plus sec que l’air « naturel ». Voilà pourquoi il est indispensable de s’hydrater. En buvant… de l’eau de préférence. Un bon litre pour six heures de vol.
Pour les mêmes raisons le sang devient plus « épais ». Associée à la position assise prolongée et au manque relatif en oxygène, cette situation augmente le risque de caillots sanguins, ce que les professionnels appellent des thrombus.
Dans ces conditions, le risque d’embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse profonde est considérablement augmenté. En 1998, une étude réalisée par le service du Dr Clérel a démontré que ce type d’accident pouvait affecter un passager sur 200 000 empruntant les vols de plus de douze heures. Vous trouvez que cette proportion est négligeable ? Détrompez-vous ! Ces accidents représentent le quart des urgences graves du Service médical des aéroports de Paris.
Comment se prémunir contre ce désormais célèbre « Syndrome de la Classe économique » ? Michel Clérel recommande « des vêtements amples et sans friction importante. Et puis il faut se bouger, faire de petits mouvements de gymnastique ou se déplacer. C’est fondamental. Pour tous les passagers et encore plus pour ceux qui ont des antécédents de phlébite. » Vous voilà prêt pour aller au bout du monde !
L’indispensable trousse de voyage !
N’oubliez pas d’emporter une petite trousse médicale. Vous y mettrez notamment :
- Un antidiarrhéique et un réhydratant. Surtout si vous voyagez avec des enfants ;
- Un vasoconstricteur en cas de rhume,
- Un antihistaminique en cas d’allergie ou de piqûres ;
- Un antiseptique ou un désinfectant pour les petites plaies et les brûlures, et des pansements tout préparés ;
- De l’aspirine ou du paracétamol ;
- Un répulsif contre les moustiques, un écran total et des comprimés pour stériliser l’eau ;
- Une paire de ciseaux, une pince à épiler ;
- Et une trousse de matériel stérile avec une seringue à usage unique, des aiguilles, du fil à sutures, une lame de scalpel et des compresses.
Et n’oubliez pas vos préservatifs !
Contre les maladies sexuellement transmissibles, une seule prévention, le préservatif ! Comme vous n’aurez pas toujours la certitude d’un approvisionnement de qualité, soyez prévoyant ! Vérifiez la date limite d’utilisation et n’oubliez pas de les protéger contre la chaleur. Le sac de plage ou au sac à dos, ce n’est vraiment pas une bonne idée. Car elle conjugue la chaleur, le soleil, la poussière et le sable !