Un sondage exclusif BVA/Destination SantéMédicament : les Français veulent être mieux informés
29 août 2005
Effets secondaires, contre-indications, objectifs du traitement et même le mode d’action ! Les Français veulent tout savoir sur leurs médicaments. A l’exception des plus jeunes, ils n’hésitent pas à solliciter leur médecin ou leur pharmacien. Mais cela ne leur suffit pas.
Ils veulent toujours plus d’informations sur les médicaments. C’est la conclusion majeure de ce sondage
BVA/Destination Santé sur «
Les Français et l’information sur le médicament». Internet, numéro vert, télévision, presse écrite ou radio, trois Français sur quatre plébiscitent l’un de ces moyens de communication comme source d’informations fiables et compréhensibles sur les médicaments délivrés sur ordonnance.
De façon plus inattendue -notamment par l’ampleur du phénomène- 84% d’entre eux se disent favorables à ce que ces informations émanent des laboratoires pharmaceutiques, mais sous contrôle des autorités de santé toutefois. Un pourcentage impressionnant, qui montre à quel point les les patients exigent une information qui donne la parole à tous les acteurs du médicament : les médecins qui prescrivent, les pharmaciens qui délivrent et les fabricants qui recherchent et produisent.
Le public plaide ainsi en faveur d’un élargissement de la publicité, puisque c’est bien de cela dont il s’agit. Mais pas d’une publicité ordinaire. En acteurs de santé responsables, les patients veulent des informations
validées, par le ministère de la santé par exemple ou toute autre institution qui en dépend. Sans doute par crainte de dérives publicitaires.
Des craintes déjà exprimées le 23 octobre 2002 par les députés européens, lorsqu’ils avaient rejeté un article de la «Directive Médicament» européenne. L’Irlandais Pat Cox, Président du parlement européen à cette époque, nous explique la chose ci-dessous. Ce jour-là, les parlementaires s’étaient massivement opposés à un amendement autorisant l’information directe des patients. Une information pourtant strictement encadrée et limitée à 3 maladies chroniques : asthme, VIH-SIDA et diabète.
Des patients très curieux…
Actuellement, seuls deux pays au monde autorisent les firmes pharmaceutiques à s’adresser directement au public à propos d’un médicament soumis à prescription : les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande. En France, la publicité mais aussi l’information sont réservées aux professionnels : médecins et pharmaciens pour l’essentiel. A eux par la suite, d’informer et de conseiller les patients.
Une tâche dont ils sembleraient plutôt bien s’acquitter, d’ailleurs. D’après le sondage
BVA/Destination Santé, les patients ont accordé une note de sept et demi sur dix à leur médecin et à la clarté des informations communiquées au moment de la prescription. Un vrai
Satisfecit ! Pourtant, ils veulent en savoir davantage. Car ils sont curieux ! Efficacité du médicament, effets secondaires, objectifs du traitement, contre-indications, mode d’administration… neuf patients sur dix sont intéressés par ces questions. Même le mécanisme d’action les fascine (70%).
Friands d’informations sur les propriétés thérapeutiques du médicament, ils sont beaucoup moins passionnés par leur prix ! Seuls 65% des Français s’y intéressent. Un résultat finalement assez décevant, dans le contexte actuel d’économies de santé. Pour satisfaire leur curiosité, les malades… posent des questions, naturellement. A l’exception notable cependant des plus jeunes (voir ci-dessous). Six sondés sur dix affirment qu’ils interrogent souvent leur médecin au moment de la mise en œuvre d’un traitement. Quant au pharmacien, il n’est sollicité que par 40% d’entre eux.
D’abord le médecin, mais aussi une vraie recherche d’anonymat
Le médecin reste le détenteur du savoir. Pour 72% des patients il représente la meilleure source d’informations sur les médicaments prescrits. Pour 55% des interrogés, c’est le pharmacien.
Quant à la notice dont une idée reçue voudrait que personne ne la lise, c’est en réalité un vrai best-seller ! Six patients sur 10 déclarent la lire
toujours.
Pourtant, cette lecture ne les satisfait pas totalement. Après l’avoir lu, la moitié interroge le médecin, un sur trois le pharmacien. Et un sur sept raccourcit la durée du traitement. Enfin, près d’un sur dix décide tout bonnement de ne pas prendre son médicament ! Une situation évidemment préoccupante. Quant à l’entourage, il n’est pas considéré comme une source valable. Près de 6 Français sur 10 (57%) n’interrogent jamais leurs proches. Et une majorité se méfie d’Internet.
Quant à Internet justement, c’est un peu la douche froide. Pour 83% des sondés la Toile ne représente pas une source d’information fiable sur le médicament. Pas aujourd’hui en tous cas. En revanche, la moitié des personnes interrogées souhaiterait que des moyens fiables d’information sur le médicament s’y développent. La mise en place de numéros de téléphone vert (43%), la télévision et la presse écrite à égalité (34%), la radio (21%) recueillent également de nombreux suffrages. Trois Français sur quatre en effet citent au moins l’un de ces moyens de communication comme une source qu’ils souhaiteraient privilégier pour s’informer.
Les jeunes pour une information à distance…
Les jeunes s’octroient facilement quelque liberté avec la prescription de leur médecin. Est-ce l’insouciance liée au jeune âge ? Toujours est-il que si 84% des Français respectent les doses prescrites, ce n’est le cas que de 71% des 15-24 ans. Quant à la durée du traitement, elle est encore moins respectée. Un jeune sur deux seulement va au terme de sa prescription ! Un phénomène inquiétant, sachant que les résistances aux antibiotiques sont en grande partie liées à la non-observance…
Les 15-24 ans sont également peu enclins à poser des questions aux professionnels de santé. Un sur trois seulement pose des questions à son médecin ! L’inhibition n’explique pas tout, puisque l’entourage est à peine plus sollicité. Seulement 42% interrogent des proches.
Ce n’est pas que les jeunes manquent de curiosité. Ils recherchent plutôt une information à distance, dépersonnalisée. Voilà pourquoi ils préfèrent Internet, qui ne pose pas de questions et ne les juge pas. Et qui en apparence, préserve l’anonymat.
Peur sur les aînés…
A la différence des jeunes, les plus de 65 ans posent des questions aux professionnels. Ils sont fidèles aux prescriptions mais un sur sept éprouve
systématiquement des difficultés à se souvenir des informations communiquées par le médecin. Une proportion inquiétante. Car les seniors justement, sont les premiers consommateurs de médicaments. D’après l’Assurance-maladie, les plus de 60 ans prennent en moyenne 4 médicaments différents chaque jour ! Et plus de 5 au-delà de 80 ans !
Pat Cox : « Ecoutons les revendications des patients » L’Irlandais Pat Cox était le Président du Parlement européen lorsque celui-ci a rejeté l’amendement autorisant l’information directe aux patients. A ses yeux, les résultats du sondage BVA/Destination Santé sont éloquents. «Il faut relancer le débat sur l’information concernant les médicaments».
Huit Français sur dix favorables à une information émanant des fabricants, mais sous contrôle des autorités de santé ! S’il assure n’avoir pas été surpris du sens dans lequel s’est prononcé l’opinion publique, Pat Cox nous a confié en revanche, avoir été «
très impressionné par l’ampleur de ce résultat !»
«
D’après des sondages réalisés dans différents pays membres de l’Union, on se rend compte que l’avis des Français rejoint celui d’autres européens. Aujourd’hui, les citoyens demandent une meilleure information. Il faut les écouter. Les autorités doivent donc répondre à leurs revendications». Pour l’ancien Président du Parlement européen, le débat mérite d’être relancé. «
Tout simplement pour que chacun puisse disposer de son droit légitime à être informé».
Deux ans et demi après le refus des parlementaires européen, les Français s’opposent donc au vote de leurs représentants à Strasbourg. Les résultats de ce sondage sont-ils à interpréter comme un nouveau désaveu pour les Eurocrates ? Pat Cox n’est pas loin de le penser… «
L’Europe est créée depuis longtemps déjà. Mais on cherche encore comment créer des Européens. Ce constat est d’autant plus évident après les «Non» français et hollandais au référendum sur la Constitution».
Notice technique
Sondage BVA pour Destination Santé, réalisé les 13 et 14 mai dernier auprès d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. 1006 personnes ont été interrogées par téléphone, selon la méthode des quotas.