Du changement dans les pharmacies…
01 avril 2003
Dans son usage courant, le mot « pharmacie » désigne l’officine, lieu où les médicaments sont détenus et délivrés sous la responsabilité du pharmacien. En fait la pharmacie, en Grec pharmakon qui signifie remède, poison, est l’art du médicament. Et dans le passé, le nom officiel de celui qui préparait et vendait les médicaments était l’apothicaire, en grec apothéké, qui signifie «boutique aux drogues».
C’est seulement en 1777, à la suite d’un décret de Louis XVI que les apothicaires prennent le nom de pharmaciens. C’est aussi à cette date qu’ils obtiennent l’exclusivité de la préparation des remèdes. Depuis la profession a bien évidemment beaucoup changé. Surtout depuis que les pharmaciens ont le droit de substituer des génériques à un médicament de référence. En France, ils sont 23 000 pharmaciens d’officine.
« Le pharmacien a un rôle même quand il ne délivre pas de médicaments »
Jean Parrot préside le Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens et aussi la Fédération internationale des Pharmaciens, la FIP. Pour lui un pharmacien doit avant tout mettre en avant « une démarche éducative, car il est le premier intervenant de santé pour la population. »
Le pharmacien vous informe sur le respect de l’observance, ce qui est capital dans le traitement de fond des maladies chroniques. Pour Jean-Luc Audhoui, pharmacien d’officine et membre du conseil national de l’ordre, « le pharmacien a un rôle même quand il ne délivre pas de médicaments. Quand vous avez un malade qui est en traitement que ce soit du diabète, que ce soit de l’asthme ou autre, une partie de notre activité consiste à l’aider à prendre un traitement, à lui expliquer un mode de vie, à lui expliquer un certain nombre de choses pour lui permettre de bien suivre et d’améliorer sa maladie. Eventuellement même de consommer moins de médicaments. »
Si la profession évolue, c’est aussi parce que les demandes des malades ne sont plus les mêmes. Surinformés, consommateurs de soins et de médecins, s’ils restent relativement fidèles à leur pharmacien ils sont beaucoup plus exigeants en terme de connaissances et de rigueur.
Jean-Luc Audhoui constate ainsi que ce dernier a « un niveau de confidentialité beaucoup plus important qu’il y a dix ans. » D’ailleurs certains pharmaciens ont installé dans leur officine des espaces de confidentialité. Des lieux qui permettent de conseiller, d’aider et d’informer tout en discrétion les patients. Le rôle du pharmacien s’est également renforcé parce que « les patients sont devenus volages. Ils ne vont plus voir le même médecin pendant des années. Ainsi nous sommes devenus en quelque sorte les coordinateurs des malades » affirme Jean-Luc Audhoui. « Dans notre informatique, dans nos dossiers, nous avons tout l’historique de nos malades, nous savons exactement ce qu’ils ont pris depuis plusieurs années sous plusieurs médecins. »
COMPRENDRE - Les médicaments génériques : le 11 juin 1999 est une date importante. Ce jour-là, le gouvernement adopte le droit de substitution pharmaceutique. Les pharmaciens français ont toute liberté, sauf opposition explicite du médecin, de substituer des génériques entre eux et un médicament générique à un médicament de référence. La seule condition est que le médicament délivré soit moins coûteux. L’objectif est clair : réaliser des économies ! Pour les pharmaciens, les génériques seront synonymes de dialogues et de responsabilité renforcée. Le pharmacien est depuis toujours solidairement responsable de la prescription du médicament. Désormais, il participe pleinement à la maîtrise de sa dispensation.
- Conseil et éducation : Un véritable partenariat patient/pharmacien est en train d’émerger. Comme le souligne Jean Parrot, « le pharmacien devra construire avec le patient des véritables plans thérapeutiques parce qu’aujourd’hui nous avons à faire à des patients atteints de plusieurs pathologies chroniques évolutives, donc avec plusieurs traitements. Donc il faut à la fois gérer des prises concomitantes ou au contraire espacées dans le temps. » Jean-Luc Audhoui quant à lui, pense que « le médicament ne sera plus le seul objet du pharmacien. Aujourd’hui j’ai des personnes qui viennent me voir pour autre chose que pour des médicaments, soit pour des conseils d’hygiène, soit pour des suivis de maladies, ou autre. »