Drogues et ados : stabilisation en Europe… sauf en France
01 juin 2012
Tabac, alcool, cannabis… Les jeunes Français (15-16 ans) consomment de plus en plus de substances psychoactives alors que la tendance européenne est à la stabilisation. Ce constat inquiétant ressort de de l’Enquête paneuropéenne sur l’alcool et les autres drogues en milieu scolaire – ESPAD conduite dans 36 pays et publiée ce 31 mai.
Plus de 100 000 élèves européens ont participé à cette cinquième vague de l’enquête ESPAD. Initiée en 1995 par le Conseil suédois pour l’information sur l’alcool et les autres drogues (CAN) avec le soutien du Conseil de l’Europe, cette enquête permet de comparer les usages de substances psychoactives des adolescents de 15-16 ans scolarisés dans 36 pays européens dont la France.
Substances illicites : pas de nouvelle augmentation. A l’échelle du continent, l’augmentation de l’usage de drogues illicites – observée entre 1995 et 2003 – « marque le pas », soulignent les auteurs de l’enquête. En 2011 – comme en 2007 donc – un jeune Européen de 15-16 ans sur cinq (18%) a déclaré avoir déjà consommé une substance illicite au cours de sa vie. Du cannabis le plus souvent (17%) mais aussi de l’ecstasy et des amphétamines (3%).
Alcool, les filles trinquent. Plus des trois quarts des jeunes (79 %) ont consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois et plus de la moitié au cours des 30 derniers jours. Ce qui confirme les légères baisses observées depuis 2003. Malgré tout, l’écart de consommation entre les filles et les garçons tend à se resserrer. Au total, 41% des jeunes européennes déclarent avoir connu une «consommation épisodique excessive d’alcool au cours des 30 derniers jours» (contre 29% en 2003). Du côté des garçons, la proportion est passée de 45% à 43%. Pour le tabac, la tendance globale est restée inchangée depuis 2007. Près d’un élève sur trois a fumé des cigarettes au cours des 30 derniers jours.
La France, mauvaise élève
Les auteurs ont toutefois observé de nombreuses disparités selon les pays. En France, ce travail a été conduit dans 195 établissements et 2 572 élèves y ont participé. La France est apparaît comme l’un des mauvaises élèves du vieux continent.
– Hausse de la consommation de tabac : Plus de six adolescents sur dix déclarent avoir déjà fumé du tabac au moins une fois au cours de leur vie. Et les filles plus souvent que les garçons (68 % contre 58 %). En 2011, les adolescents français se classent au 6ème rang européen pour leur consommation de tabac dans le mois. Ils étaient 14e en 2007… ;
– Alcoolisations ponctuelles importantes : En 2011, plus de 9 ados sur 10 ont déclaré avoir déjà consommé de l’alcool au cours de leur vie. La moitié souligne d’ailleurs avoir connu un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante – les spécialistes parlent de binge drinking – lors des 30 jours précédant l’enquête ; les garçons plus souvent que les filles (46 % contre 41 %) ;
– Le cannabis en nette hausse… : En 2011, plus d’un élève sur trois (39%) déclare avoir déjà consommé au moins une fois du cannabis. Les filles l’ayant expérimenté aussi souvent que les garçons. Par ailleurs, après une baisse conséquente en 2007, le taux de consommation chez les garçons redevient aux niveaux observés 1999 et en 2003 ;
– Cocaïne, LSD, GHB… Les Français sur le podium. Enfin, en ce qui concerne les produits illicites autres que le cannabis (amphétamines, cocaïne, crack, ecstasy, LSD…), « aucune évolution significative n’est à signaler par rapport à 2007. Cependant, comparé à 1999, la prévalence apparaît deux fois plus élevée passant de 5 % à 10 %. Les jeunes Français se classent au 2è rang européen pour ces consommations. Ils étaient 3e en 2007 », précisent les auteurs.
Des mises en causes politiques
Pour la Fédération Addiction, « ces chiffres alarmants signent les limites de la politique mise en œuvre. Centrée sur les drogues illicites, elle a ouvert une brèche pour les consommations d’alcool et de tabac, alors que la stabilisation d’usage de cannabis, amorcée en 2002, semble s’achever. » Ses représentants ajoutent que « le ministère de la Santé doit déployer une politique équilibrant éducation, sanction, réduction des risques. Seule cette approche permettra de renouer avec une politique plus efficace. »
Aller plus loin :
– Consultez l’intégralité du rapport (en anglais) en cliquant ici;
– Consultez les principaux résultats français compilés par l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT).