Du nouveau dans le traitement des kératoses solaires

21 mars 2014

Du nouveau dans la prise en charge des kératoses actiniques, autrement appelées kératoses solaires, lésions qui témoignent de l’épuisement du capital solaire. De nouveaux traitements sous différentes formes et plus rapides peuvent désormais être prescrits par les dermatologues. Les explications du Dr Jean-Michel Amici, dermatologue et président du conseil scientifique du groupe chirurgical de la Société Française de Dermatologie.

« Une kératose actinique est une lésion rugueuse qui se palpe et siège sur des zones exposées au soleil », indique le Dr Jean-Michel Amici. « Elle est le signe d’un dommage actinique, autrement dit, due au soleil. Le visage, le dos des mains, les membres inférieurs et supérieurs peuvent être touchés. En réalité, ces lésions sont le résultat d’une dose totale cumulée de soleil trop importante au cours de la vie. La peau n’est plus capable de réparer l’agression des UV et laisse apparaître ces fameuses lésions de kératose actinique ».

Cette maladie est un marqueur à la fois du vieillissement cutané dû à l’agression du soleil et du risque de cancer cutané. « Nous savons que 10% des kératoses seront à l’origine d’un carcinome », une forme de cancer de la peau, précise le Dr Amici. Par ailleurs 80% de ces tumeurs potentiellement mortelles se développent sur une kératose.

Des traitements adaptés

« Ces lésions vont apparaître chez un sujet qui commence à avoir un certain nombre d’années d’exposition au soleil. Les populations à phototype clair sont davantage concernées parce qu’elles sont génétiquement moins réparatrices des dégâts provoqués par le soleil que les phototypes foncés ». Les travailleurs en extérieur sont également davantage exposés : agriculteurs, marins, ouvriers du bâtiment, sportifs… Enfin le risque est plus élevé chez les patients immunodéprimés.

La prise en charge dépend de l’étendue des lésions. « Si elles sont localisées, nous avons recours à la technique de la cryothérapie, à l’aide de l’azote liquide », souligne le Dr Amici. Pour les formes plus importantes, des traitements dits topiques sont utilisés. Ils sont à appliquer sur les zones touchées. « En général, ce sont des traitements assez longs et qui génèrent de nombreuses réactions locales. L’innovation avec le mébutate d’ingénol tient justement au raccourcissement du traitement. Ce gel est à appliquer pendant 2 à 3 jours. Il est très innovant, car il va permettre un niveau d’observance élevé ».

Lors du dernier congrès national de dermatologie à Paris, des études incluant plus de 1 000 patients ont été présentées, démontrant l’efficacité de ce nouveau traitement, à 2 mois, avec 63,9% de rémissions partielles à complètes sur le visage et le cuir chevelu, et près de 50% pour les extrémités. Des réactions cutanées fréquentes au site d’application, liées au mécanisme d’action de la molécule sont rapportées. Mais avec un retour rapide à la normale.

  • Source : Interview Dr Jean-Michel Amici, président du conseil scientifique du groupe chirurgical de la société française de Dermatologie, 24 février 2014

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

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