Du sport contre l’éjaculation précoce ?
11 mai 2023
Entre autres bienfaits, l’activité physique retarde l’éjaculation masculine. Un bon point pour ceux dont l’orgasme surviendrait précocement au cours d’un rapport sexuel. Détails.
A compter de 30 à 40 minutes, la pratique d’un sport stimule les hormones du désir comme la testostérone, et booste ainsi la libido. Tout en diminuant les hormones du stress tel que le cortisol, l’activité physique va aussi générer une sensation de détente, propice au désir… et à son expression. Par ailleurs, une bonne résistance cardiovasculaire va permettre une meilleure endurance, souvent bienvenue lors d’échanges coquins. Des heureux liens de cause à effet observés tant chez les hommes que chez les femmes.
Mais quid de la durée entre le début du rapport sexuel et l’éjaculation masculine ? L’activité physique impacte-t-elle ce point parfois sensible entre deux partenaires ? Des chercheurs britanniques se sont posé la question. « L’éjaculation précoce concerne 30 à 83 % des hommes dans le monde », soulignent ces mêmes scientifiques. Comment justifier un écart aussi important ? « La définition de l’éjaculation précoce ne fait pas consensus. Nous n’avons donc pas de durée moyenne standard », répond le Pr Lee Smith, principal auteur de cette méta-analyse.
Mais le temps écoulé avant d’atteindre l’orgasme reste un sujet universel. Ainsi, le Pr Smith a passé au crible 54 études publiées sur le sujet. Au total, 3 485 participants ont été recrutés à l’échelle mondiale, et suivis sur une durée moyenne de 49 années.
Le sport aussi efficace que les médicaments
A ce jour, quels recours existent ? Pour retarder un peu plus le délai dans lequel survient l’éjaculation, certains hommes se tournent vers la voie médicamenteuse**. Et prennent des molécules par voie orale, quand d’autres s’en appliquent en local pour leur pouvoir anesthésiant. Reste que ces approches thérapeutiques sont, comme souvent, associés à des effets indésirables.
« Nous pensons que la voie non médicamenteuse comme la pratique d’une activité physique peut suffire pour rétablir ce point », atteste le Pr Smith. « Selon nos résultats, le sport s’avère tout aussi efficace que les médicaments. »
Dans le détail, « une étude a fait ressortir que des footings de 30 minutes, à raison de cinq courses par semaine, retardent autant l’éjaculation que la molécule de référence prescrite aux hommes ». Selon un autre travail, « des exercices de mobilisation du plancher pelvien augmente le temps de latence d’une à trois minutes ». En parallèle, « nous avons également observé que les psychothérapies peuvent s’avérer bénéfiques sur le sujet ». Le port de préservatif est aussi une possibilité, permettant de diminuer la sensibilité pénienne.
D’autres techniques comme le stop and go(arrêt de la stimulation avant de reprendre après 30 secondes) ou la technique du squeeze (compresser le gland pendant 10 à 20 secondes au niveau du frein) ont aussi fait leurs preuves. Ces deux techniques, pratiquées séparément et régulièrement, permettent à 95 % des hommes de voir leur éjaculation retardée de cinq à dix minutes minimum.
Anxiété, hyperthyroïdie
« Pour améliorer la mise au point d’approches complémentaires et efficaces, il faudrait s’entendre sur une seule et même définition de l’éjaculation précoce », affirment les scientifiques.
En France, selon les spécialistes du site MSD, cette dernière est constatée quand elle « survient trop tôt, en général avant ou peu de temps après la pénétration ». Ou, à fortiori, peu de temps après le début des préliminaires.
Les principales causes relèvent de « l’anxiété, d’autres facteurs psychologiques ou une sensibilité particulière du pénis ». Autre explication possible : « avoir des rapports sexuels moins fréquemment que souhaité peut aggraver le problème en augmentant davantage la sensibilité. » Sur le plan pathologique, « une inflammation de la prostate, une hyperactivité de la thyroïde ou un trouble du système nerveux » peuvent favoriser l’éjaculation précoce.
*Anglia Ruskin University (ARU)
** inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine [ISRS] comme la fluoxétine, la paroxétine ou la sertraline ou un antidépresseur tricyclique comme la clomipramine
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Source : Trends in Urology and Men’s Health, mars 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Vincent Roche