Ebola : « l’épidémie peut être contrôlée »
01 août 2014
Zone à haut risque de contamination dans le centre de soins de MSF pour les malades d’Ebola de Kailahun, Sierra Leone. ©Sylvain Cherkaoui/Cosmos
Le virus de la fièvre hémorragique Ebola a touché 1 323 personnes et en a tué 729, à ce jour, au cours de l’épidémie la plus importante jamais observée. Ces derniers chiffres ont été fournis par le Dr Margaret Chan, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dans un discours adressé aux dirigeants africains concernés par la flambée. Objectif, stimuler la lutte contre l’épidémie. Dans ce but, elle a également invité le comité d’urgence de l’OMS à se réunir le 6 août prochain pour estimer le risque de propagation au niveau international.
« Cette flambée est, de loin, la plus importante jamais vue dans l’histoire de cette maladie qui n’a que 40 ans », souligne le Dr Margaret Chan. En termes de nombre de cas et de décès, mais aussi de zones géographiques touchées. « Elle est en train de se propager plus vite que nos efforts pour la contrôler », concède-t-elle. « Si cette diffusion se poursuit, les conséquences pourraient en être catastrophiques en nombre de vies humaines perdues ainsi qu’en matière socio-économique. »
Pour autant, « il est possible de contrôler les flambées d’Ebola », affirme-t-elle. D’autant qu’il ne s’agit pas d’un virus contagieux par la voie aérienne. Un contact direct avec les fluides corporels d’un malade est nécessaire pour l’attraper. C’est pourquoi, les mesures de mise en quarantaine et de suivi des personnes contacts devraient être efficaces. Mais face à l’échec constaté, la directrice de l’OMS martèle l’importance de « cette réunion [qui] doit marquer un virage dans la lutte contre la maladie. »
En effet, l’épidémie est favorisée par un cruel manque de moyens matériels et de personnels qualifiés. D’autant que les professionnels de santé ont payé un lourd tribut au virus. « A ce jour, plus de 60 d’entre eux ont perdu la vie en aidant les malades », précise ainsi Margaret Chan, qui lançait au cours de cette même réunion, un plan de 100 millions de dollars pour intensifier la lutte. Sur son compte twitter, Gregory Härtl, porte-parole de l’OMS, précisait ce même vendredi que sur la totalité de cette somme, « 30 millions étaient déjà réunis ».
Des freins à la lutte contre le virus
« Des croyances profondément ancrées et des pratiques culturelles (contact avec la dépouille au cours des funérailles… n.d.l.r.) sont une cause importante de la propagation du virus », poursuit le Dr Chan. A tel point que « dans certaines zones, les chaines de transmission sont devenues invisibles, car les populations les cachent ». En effet, « étant donné le fort taux de létalité de la maladie, les familles des malades préfèrent les soigner à domicile. Ainsi, ne risquent-ils pas de mourir à l’isolement, loin d’eux », explique-t-elle.
Or de nombreuses preuves montrent qu’une prise en charge précoce et intensive augmente nettement les chances de survie. Par ailleurs, il arrive encore trop souvent que la peur et l’incompréhension des populations se transforment en colère, en hostilité et en violence envers les équipes intervenant dans la lutte contre la maladie.
« Nous sommes très inquiets. » Le Dr William Etienne, médecin coordinateur de MSF pour la Sierra Leone confirme que la situation, alarmante au Libéria et en Sierra Leone, nécessite une coordination de la part de l’OMS. Il espère que celle-ci sera rapide et efficace. « Informer les populations, mettre en place un système de référence d’accès aux soins, prendre en charge tous les malades et faire un suivi de toutes les chaines de transmission. » La tâche se révèle chaque jour plus colossale, dans des pays parmi les plus pauvres de la planète, à peine sortis de longues périodes de guerre civile…
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Source : OMS, 1er août 2014 – interview du Dr William Etienne, médecin coordinateur de MSF pour la Sierra Leone, 1er août 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet