Echographies artistiques : un risque inutile pour le foetus
06 décembre 2011
Les échographies médicales pendant la grossesse ont une visée diagnostique. A l’inverse, les échographies commerciales, à but esthétique et artistique telles qu’elles sont proposées dans quelques villes françaises, présentent un risque inutile pour le fœtus. C’est ce que rappelle une nouvelle fois le Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF).
« Le bon sens indique que le fœtus ne doit pas être exposé inutilement et de façon prolongée aux ultrasons », insiste le CNGOF. Or, lors d’une échographie, un faisceau ultra sonore est envoyé sur le fœtus. Lorsqu’il s’agit d’une échographie médicale, le faisceau, réglé au minimum de sa puissance, est constamment déplacé et l’exposition de chaque zone est brève. « L’imagerie est alors bénéfique pour s’assurer de la bonne santé du fœtus », souligne le Pr Jacques Lansac, président de la Commission nationale d’Echographie Obstétricale et Fœtale du CNGOF.
A l’inverse, « dans le cas d’une échographie commerciale, il est nécessaire d’exposer en continu des parties localisées du fœtus, en particulier le visage, et donc le cerveau et les yeux, et les organes génitaux », explique le Pr Lansac. Ces prestations commerciales sont proposées dans plusieurs villes de France pour des prix allant de 60 à 140 euros. Les échographies en 3 dimensions ou en vidéo durent parfois jusqu’à 25 minutes. Elles n’ont aucune finalité médicale et ont pour unique but « de donner de belles images aux parents ».
Un impact sur les tissus
Or les risques d’exposition prolongée aux ultrasons ne sont pas nuls, surtout au premier trimestre de grossesse. Les conséquences sur le fœtus dépendent de la durée, de la fréquence et de la puissance d’exposition. « Nous savons, par des études, que les ultrasons à haute dose peuvent provoquer des malformations fœtales, des défauts de la vision par exemple, chez l’animal », détaille Jacques Lansac. Il est donc recommandé de limiter cette exposition au niveau le plus faible possible.
Ces mises en garde ne sont pas nouvelles. Dès 2004 et l’apparition de ces échographies à visée artistique et commerciale, l’Académie nationale de médecine s’était fermement opposée. En 2005, l’Agence française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé (AFSSaPS) avait aussi recommandé aux femmes enceintes de « ne pas exposer inutilement leur fœtus aux ultrasons ». L’Agence préconisait déjà de réserver les échographies fœtales à un usage médical. « Aujourd’hui, n’importe qui peut acheter un échographe et proposer ces prestations. Nous demandons simplement que cette pratique soit réservée aux médecins et aux sages-femmes formés », conclut Jacques Lansac.