Elargir l’accès du public aux défibrillateurs
02 juin 2015
Chaque année, 50 000 Français sont victime d’un arrêt cardiaque. ©Phovoir
Présents autour des terrains de sport, dans les gares, aéroports et autres centres commerciaux, les défibrillateurs automatiques externes (DAE) sauvent des vies… mais ne sont pas encore suffisamment nombreux. C’est le cas notamment au Danemark, un pays pourtant en pointe dans la mise à disposition de ces appareils. Et en France » ?
A l’Université de Copenhague, le Dr Marianne Agerskov et son équipe se sont plongés dans la base de données des arrêts cardiaques rapportés par les unités mobiles d’urgence, dans leur pays entre 2011 et 2013. Au total, ils en ont recensé 521, survenus en dehors d’une structure hospitalière.
Un DAE a été utilisé dans 20 cas (3,8%). Mais il n’a véritablement défibrillé que dans 13 cas (2,5%). Pour expliquer cette différence, rappelons que cet appareil ne se déclenche que si la victime se trouve en fibrillation ventriculaire, en l’absence de pouls. Les 7 cas en question correspondent à des situations où le DAE n’a pas envoyé de choc électrique car l’état du patient ne le justifiait pas.
Augmentation du taux de survie
Les deux-tiers des 13 victimes en question étaient toujours en vie un mois plus tard. Contre seulement 47% parmi les victimes qui n’en avaient pas bénéficié. Au final, les auteurs de ce travail observent que « les défibrillateurs ont été utilisés dans une minorité de cas mais à chaque fois leur recours a augmenté le taux de survie. Cela signifie que les installations de DAE dans les lieux publics doivent encore s’intensifier ». Y compris dans un pays comme le Danemark où les appareils sont reliés aux unités d’urgence, lesquelles savent également où se trouvent les DAE les plus proches.
Appeler le 15
En France, depuis le décret du 4 mai 2007, l’utilisation d’un défibrillateur a été élargie au grand public. Il y en aurait aujourd’hui entre 60 000 et 100 000. Une fourchette large qui montre qu’ils ne sont pas encore précisément recensés et localisables par les unités de secours.
Par ailleurs, chaque année, plus de 50 000 Français sont victimes d’un arrêt cardiaque. Seules 3% des victimes survivent à un mois. Comme le signalait l’Académie nationale de médecine dès 2007, « un appel immédiat aux unités mobiles de secours, des manœuvres simples de réanimation à la portée de tous (massage cardiaque externe en particulier), une défibrillation cardiaque très précoce, devraient pouvoir faire passer ce taux de survie à plus de 30%. » En résumé, si vous êtes témoin de ce type d’accident, appelez le 15 puis commencez à masser. Et utilisez le défibrillateur le plus proche. Ce sera toujours mieux pour le patient que de ne rien faire.
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Source : European Society of Anesthesiology, 1er juin 2015 - Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 1, 149-154 – Fédération française de Cardiologie (FFC)
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet