











© Crédit : B.Gergaud
Originaire de Bretagne, Eliaz a grandi au rythme des marées. La mer ? Une évidence. Dès l’enfance, il navigue en famille, puis s’engage en compétition. À 12 ans, c’est le coup de foudre : il découvre le Vendée Globe, cette course mythique en solitaire autour du monde, remportée en 2012 par François Gabart. « Ce jour-là, j’ai su que je voulais faire de la course au large », confie-t-il.
Ingénieur naval de formation, Eliaz ne laisse rien au hasard. Il intègre MerConcept, le chantier de Gabart, et travaille quatre ans aux côtés de l’élite de la voile. En 2024, il prend un virage décisif : il quitte son poste pour se consacrer à temps plein à son projet sportif. « C’était le moment ou jamais. »
Mais Eliaz ne veut pas naviguer pour la gloire. Très tôt, il imagine la voile comme un moyen de porter des messages. « En mer, on est seul, vulnérable. Mais cette liberté immense peut aussi servir de porte-voix. »
Initialement attiré par les enjeux environnementaux, c’est un autre combat qui le rattrape : celui de la prévention contre le papillomavirus (HPV). À l’automne 2024, il découvre qu’il est porteur du virus. Un choc.
« Je n’avais jamais été informé, ni vacciné. Et pourtant, ce virus peut provoquer des cancers, chez les femmes… mais aussi chez les hommes. » Eliaz se renseigne, échange avec des médecins, comprend que la prévention et la vaccination sont encore trop peu connues. Il décide alors de faire de son projet sportif un vecteur de sensibilisation.
En 2025, il s’associe à l’association Notaboo, membre du collectif Demain sans HPV. Ensemble, ils montent un projet fort : un bateau floqué au nom du collectif, et une présence dans les grandes courses de la saison. Objectif : parler du HPV là où on ne l’attend pas, sur les pontons, dans les villages départ, face au grand public.
« On veut casser le tabou, montrer que la prévention concerne tout le monde, filles et garçons. » Le message est clair, porté avec sincérité.
Le programme est intense : après le Trophée Laura Vergne et le Spi Ouest-France qu’il a remporté, Eliaz prendra le départ de la Solo Maître CoQ en mai, puis, s’il boucle son budget, du Tour de Bretagne en juin. Le grand rendez-vous ? La Solitaire du Figaro Paprec en septembre, une course mythique qui durera près d’un mois. Sur chaque étape, l’objectif reste le même : courir, mais aussi informer. « Avec le soutien du collectif, on espère organiser des stands, distribuer des brochures, échanger avec le public. »
Pour Eliaz, la course au large n’est plus seulement un rêve d’enfant : c’est un outil pour éveiller les consciences. Et c’est sans doute là que réside la force de son projet. À 24 ans, il incarne une nouvelle génération de marins : sportifs, oui, mais aussi citoyens. « Courir pour courir, ça ne m’intéresse pas. Si je peux contribuer à éviter un cancer, à faire vacciner un jeune, alors j’aurai gagné bien plus qu’une course. »
Source : Interview d’Eliaz Morineau, avril 2025
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dorothée Duchemin