Endiguer le suicide en ciblant les personnes à risque
05 février 2019
Le suicide est la 14e cause de mortalité dans le monde et la France présente un des taux les plus élevés d’Europe. C’est pourquoi les pouvoirs publics ont décidé de s’atteler à réduire significativement ce fléau. La dernière livraison du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) fournit des chiffres mis à jour. Et aussi des recommandations pour le prévenir.
Le suicide est un drame vécu par de nombreux Français. Les résultats du Baromètre de Santé publique France 2017 montrent ainsi que « 7,2% des 18-75 ans ont tenté de se suicider au cours de leur vie ». Et « 4,7% ont déclaré avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois ».
Les évolutions observées depuis les années 2000 suggèrent, « après une diminution entre 2000 et 2005, une tendance continue à la hausse des tentatives de suicide déclarées au cours de la vie entre 2005 et 2017, en particulier chez les femmes ». D’où l’importance de combattre efficacement ce problème de santé publique.
Un suicide, 20 personnes impactées
Sans compter que le suicide fait aussi des victimes collatérales. A tel point qu’« il endeuille en moyenne sept proches et impacte plus de 20 personnes », note Santé publique France. Pire, « il est démontré que le risque de suicide augmente significativement dans l’entourage d’une personne suicidée ». Une sorte de contagion en somme.
D’autres facteurs de risque ont également été identifiés par le Baromètre : être une femme, souffrir d’une situation financière difficile, être célibataire, divorcé ou veuf… « Le fait d’avoir vécu un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année était le facteur le plus fortement associé aux pensées suicidaires dans l’année », précisent encore les rédacteurs. Mais aussi le fait d’avoir été victime de violences au cours des 12 derniers mois.
Des actions de prévention ciblées
« Nos résultats confirment l’intérêt d’engager une politique de prévention du suicide ciblée sur les personnes à haut risque et d’intervenir en amont de la crise suicidaire, dans une logique de repérage et de prise en charge précoce des situations de souffrance psychique », soulignent les rédacteurs du BEH. Avec « une prise en charge multidisciplinaire et intersectorielle (sanitaire, sociale, médicosociale), en particulier à destination des populations vulnérables ».
Plusieurs actions ciblées ont déjà été évaluées. Parmi lesquelles :
diminuer l’accès aux moyens létaux, aux armes à feu bien sûr, mais aussi œuvrer pour rendre plus difficile l’accès à un hot spot (c’est- à-dire un lieu connu pour attirer les suicidaires comme le Golden Gate Bridge à San Francisco, les falaises d’Étretat, les parties accessibles des voies ferrées…) ;
créer ou maintenir le lien avec les populations vulnérables, ce que propose le dispositif VigilanS (http://dispositifvigilans.org ), par exemple.
Mais aussi, « d’intervenir en amont, dans une logique de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles psychiques* par le repérage et la prise en charge précoce des situations de souffrances psychologiques et des troubles dépressifs, ceux-ci étant d’ailleurs en augmentation ces dernières années », concluent les rédacteurs du BEH.
*une pathologie psychiatrique est retrouvée dans 61% des hospitalisations pour TS
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Source : Santé publique France, 5 février 2019
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche