ESPOIR contre la polyarthrite: un chantier de 10 ans
22 novembre 2002
« Le rhumatologue a longtemps été pour l’essentiel, un spécialiste de la douleur. Mais depuis quelques années il peut de plus en plus privilégier la prévention. » Le Pr Maxime Dougados (CHU Cochin de Paris) a raison de souligner ce changement.
La prévention des fractures dans l’ostéoporose, la prévention de la dégradation – autrefois inéluctable – du cartilage et des articulations dans l’arthrose sont des acquits récents… Cependant même si la thérapeutique a permis depuis 10 ans, de transformer le pronostic et la qualité de vie en rhumatologie, de nombreuses zones de flou persistent. La polyarthrite rhumatoïde est l’une des plus importantes.
Caractérisée par une inflammation qui s’attaque aux articulations et les détruit petit à petit, elle concerne trois fois plus d’hommes que de femmes et survient à tout âge. Les inconnues sont nombreuses à son sujet : sa cause d’abord, mais aussi les moyens de la traiter de façon définitive… Même le diagnostic est souvent difficile. Pas de signes très caractéristiques, de sorte que son identification précoce est aléatoire. Quant au pronostic, il est très difficile et incertain en pratique…
Les anti-inflammatoires les plus récents améliorent la prise en charge de la douleur. Certains bio-médicaments comme les anticorps monoclonaux et les anti-TNF-alpha, donnent des résultats spectaculaires dans certains cas rebelles… moyennant un prix tel – plus de 10 000 euros par an et par malade ! – que leur utilisation doit être bien ciblée. Voilà pourquoi il est vital que la polyarthrite livre un peu plus de ses secrets…
C’est ainsi que Maxime Dougados, accompagné des Prs Bernard Combe (Montpellier) et Xavier le Loet (Rouen) a annoncé le lancement national de la cohorte ESPOIR, pour Etude et Suivi des Polyarthrites Indifférenciées Récentes.
Sous l’impulsion de la Société française de Rhumatologie (SFR) et en partenariat étroit avec l’INSERM et des laboratoires pharmaceutiques, 14 CHU français vont prendre en charge et suivre, pendant au moins 10 ans, 800 patients dont le rhumatisme inflammatoire est au tout début de son évolution, mais pas encore traité. Nous reviendrons sur ce travail de longue haleine, coûteux – 1,2 millions d’euros pour les 3 premières années d’étude – mais porteur d’espérance.
Le premier malade ayant été recruté ce 14 novembre, qui d’autres peut participer ? Quiconque a au moins deux articulations gonflées depuis 6 semaines à 6 mois, et n’a reçu aucun traitement de fond contre la polyarthrite rhumatoïde. Aspirine, paracétamol, anti-inflammatoires sont acceptables mais pas les autres traitements.
Et bien sûr il faut demeurer près d’un CHU participant : Amiens, Bordeaux, Brest, Lille, Montpellier, Paris, Rouen, Strasbourg, Toulouse et Tours. Vous êtes concerné ? Parlez-en à votre généraliste ou votre rhumatologue.