Est-il encore possible de soulager les montées de lait ?

09 octobre 2013

©Phovoir

Le 25 juillet dernier, l’Agence nationale du médicament (ANSM) a publié un point d’information dans lequel elle jugeait défavorable le rapport bénéfice/risque de la Bromocriptine, utilisée dans l’inhibition de la lactation. Un dilemme pour les mamans qui ont fait le choix de ne pas allaiter. Dès lors quelles solutions s’offrent à elles ? Réponse du Pr Loïc Sentilhes, du service de gynécologie-obstétrique au CHU d’Angers.

La Bromocriptine est un agoniste dopaminergique. Elle était utilisée en endocrinologie, notamment pour prévenir ou inhiber la lactation physiologique. Plus précisément, elle freine la libération (au niveau de l’hypophyse) d’une hormone qui intervient dans la montée de lait après l’accouchement, la prolactine. Une aubaine pour celles qui ne souhaitaient pas allaiter, leur évitant ainsi de potentiels désagréments comme l’engorgement mammaire ou d’éventuelles douleurs. Ainsi, en 2010, la bromocriptine restait la thérapeutique de première intention pour 89% des prescripteurs.

Depuis, l’ANSM est passée par là. « L’avis de l’agence – établi en coopération avec le Collège National des Gynécologues Obstétriciens (CNGOF) et le Collège National des Sages-Femmes (CNSF)a été motivé par la survenue d’effets indésirables rares mais parfois graves comme des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou infarctus du myocarde » explique le Pr Sentilhes. « Le tabagisme, l’excès de poids ou l’hypertension artérielle augmentaient en outre les risques de complications. »

« Pas d’indication médicamenteuse systématique »

Dans ce contexte, quelles solutions reste-t-il aux mamans ne souhaitant pas allaiter ? « Il existe en fait plusieurs alternatives à la Bromocriptine, comme le lisuride ou la cabergoline par exemple » précise Loïc Sentilhes. « Mais la prescription d’un médicament n’est jamais anodine. Elle ne doit se faire que lorsque c’est nécessaire, au cas par cas, après discussion avec la patiente. Comme dans l’exemple évident d’une femme qui aurait perdu son enfant. » A noter par ailleurs que de nombreux praticiens optent pour l’homéopathie. Mais pour le Pr  Sentilhes, « son efficacité peine à être démontrée ».

Des options naturelles ?

Pour notre spécialiste, « même si on ne peut rien prévoir, environ la moitié des mères connaîtront des désagréments liés à la montée de lait. Engorgement, douleurs. Ces symptômes s’estompent en général en deux semaines.» En clair, selon le Pr Sentilhes, prudence – et patience-  sont mères de sureté.

Nos aïeules conseillaient la consommation de persil, de menthe ou encore l’application de linges refroidis pour bloquer la lactation.  « Mais comme tous les remèdes de grands-mères, aucun n’est scientifiquement prouvé » prévient le gynécologue.

Enfin, si la montée laiteuse occasionne un inconfort trop  important, il est toujours possible d’utiliser un antalgique. De  même si un engorgement survient, il peut être traité par un anti-inflammatoire. Votre médecin, votre sage-femme ou votre pharmacien pourront vous conseiller sur le traitement adéquat.

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Interview du Pr Loïc Sentilhes, 7 octobre 2013

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