Et si la pollution favorisait la maladie d’Alzheimer ?
07 avril 2022
Les effets nocifs des polluants atmosphériques sur la santé ne sont plus à démontrer. Irritations oculaires ou des voies respiratoires, crises d'asthme, augmentation des troubles cardio-vasculaires… La liste est longue. Une liste à laquelle il faudrait ajouter le risque de démence.
Quatre cas de démence sur dix pourraient être évités ou retardés en agissant sur des facteurs modifiables, parmi lesquels, la pollution de l’air. Cette dernière pourrait en effet accélérer le déclin cognitif, un des symptômes annonciateurs d’une pathologie neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer.
Des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Rennes et de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) se sont intéressés à la façon dont ces polluants impactent les performances cérébrales. Pour ce faire, ils ont utilisé les données de plus de 61 000 participants de la cohorte épidémiologique Constances, âgés de 45 ans et plus.
Le trafic routier en cause
Tous ont répondu à des tests évaluant leur mémoire, leur fluidité d’expression orale et leurs capacités à prendre des décisions. Puis l’équipe de recherche a utilisé des cartes dites « d’exposition » qui estiment la concentration de polluants à l’adresse du domicile. Les chercheurs se sont plus particulièrement intéressés aux polluants liés au trafic routier : les particules fines de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le carbone suie.
Résultat : pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont constaté une différence allant de 1 à près de 5% du score des performances cognitives par rapport aux participants moins exposés.
« Les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives » précise Bénédicte Jacquemin, chercheuse à l’Inserm qui a dirigé ces travaux. « Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 impactent davantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives. »
La prochaine étape pour l’équipe sera « d’observer l’évolution dans le temps des fonctions cognitives de ces adultes, afin de voir si l’exposition à la pollution est aussi associée à une baisse du fonctionnement cognitif avec le temps, baisse qui peut refléter les premiers signes de démences, tant de la maladie d’Alzheimer que d’autres formes de démences du sujet âgé. »