Être ou ne pas être grand-parent…

30 septembre 2021

« La grand-parentalité représente un sujet relativement peu exploré, par rapport à la parentalité », souligne Emeline Spor, psychologue en Loire-Atlantique. Avec notamment la question des petits-enfants, synonymes d’épanouissement et de transmission. Et potentiellement de souffrance pour les aînés qui n’en ont pas ?

Considérée comme une norme sociale, point de passage obligé de la cinquantaine ou de la soixantaine, la grand-parentalité est souvent synonyme de bonheur et d’accomplissement. « C’est d’ailleurs confirmé dans les études », glisse Ameline Spor, doctorante en psychologie du vieillissement. « Devenir grand-parent est souvent corrélé à cette notion de bonheur ressenti et même à l’état de santé. Les personnes vieillissantes qui ont des petits-enfants sont en effet plus attentives à leur santé que celles qui n’en ont pas ».

Plus jeunes !

Autre enseignement des études, qui peut ressembler à un lieu commun : être grand-parent maintiendrait jeune dans sa tête ! Emeline Spor nuance : « en fait, au moment de la naissance du premier petit-enfant, les personnes concernées ressentent un véritable coup de vieux. Car cet évènement vient leur coller l’étiquette de grand-père ou de grand-mère. Mais le ressenti va rapidement s’inverser : ces grands-parents vont rapidement se sentir plus jeunes que ceux qui n’ont pas de petits-enfants ».

Bien sûr, ces retombées positives ne tiennent pas au fait d’avoir des petits-enfants, pas plus qu’elles ne sont liées à la naissance. Elles « proviennent surtout de l’investissement mis dans la relation avec les petits. D’autant plus dans une période de la vie en pleine mutation sur le plan des rôles sociaux ». Référence à l’arrêt de la vie professionnelle, la retraite, et ses conséquences sur le rythme de vie, les relations sociales, etc.

S’investir différemment

Emeline Spor observe ainsi que « beaucoup de seniors et de personnes âgées modèlent leur vieillissement autour de cette question d’être grand-parent ». Dans ce contexte, le fait de ne pas avoir de petits-enfants peut constituer une souffrance. « Mais tout dépend de la raison », enchaîne-t-elle, entre les personnes « qui attendent que ça arrive et surtout celles qui savent que ça n’arrivera jamais. Parce qu’elles n’ont pas d’enfant ou parce que leurs enfants ne peuvent pas avoir d’enfants ou ont fait le choix de ne pas en avoir ».

Dans pareilles situations, « l’envie de transmettre et de s’investir dans un lien intergénérationnel peut prendre des formes différentes : à travers par exemple des interventions dans des établissements scolaires par exemple, pour raconter leur vécu, des tranches de vie ». Au-delà, la psychologue préconise surtout « de ne pas chercher quelque chose qui remplace. La question est vraiment d’accepter d’avoir une vie épanouie sans cette étiquette de grand-parent qui rassure aussi beaucoup ». Dans tous les cas, si vous êtes concerné, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un ou une psychologue.

  • Source : Interview d’Emeline Spor, 29 septembre 2021

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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