Etre une femme, Rrom, et vivre en France…
07 mars 2008
Avec quatre grossesses en moyenne dont deux seulement aboutissent à des naissances vivantes, les femmes Rroms de France sont loin d’être logées à la même enseigne que le reste de la population. La barrière de la langue -elles viennent en majorité de Roumanie et de Bulgarie – et un niveau d’éducation souvent très bas contribuent en partie aux difficultés d’accès aux soins. Médecins du Monde (MdM) se penche sur la question à la veille de la Journée mondiale de la Femme.
Tout au long de l’année 2007, les équipes de l’association sont parties à la rencontre des femmes Rroms installées en Seine-Saint-Denis. Leur état des lieux est plus qu’inquiétant.
Ces femmes « avaient 17 ans en moyenne d’âge à la première grossesse » précise MdM, alors qu’en France l’âge moyen est de 28-29 ans. Cette différence s’explique par un autre chiffre : « 10% seulement des femmes Rroms utilisent une contraception ». Plus préoccupant encore, près d’une sur deux (43,3%) avaient déjà avorté à 22 ans. Et sur les 4 grossesses par femme en moyenne « seules deux (aboutissent) à un enfant né vivant »…
A y voir de plus près donc, l’état sanitaire de ces populations se rapproche sérieusement de celui observé dans des pays en développement, notamment africains. « Il y a des traits communs » nous explique Jalila Bouzid, coordinatrice d’une équipe MdM de Seine-Saint-Denis. « Les populations Rroms vivent dans une précarité poussée à l’extrême. Mais comparées par exemple aux immigrées africaines vivant en France et souvent francophones, les femmes Rroms, elles, souffrent en plus de la barrière de la langue et de l’image très négative qu’elles véhiculent » poursuit Jalila Bouzid.
Pour Médecins du Monde, « la multiplication des expulsions et le harcèlement policier freinent (aussi) ces femmes dans leurs démarches vers les structures de santé ». Une situation d’autant plus injuste pour Jalila Bouzid que « les Rroms sont officiellement des citoyens européens depuis l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’Union en janvier 2007 ». Ils sont donc censés bénéficier de la Couverture Maladie Universelle (CMU)… Mais là encore, l’absence de recours aux interprètes et les complexités administratives privent les femmes d’un suivi médical régulier.