Face au Covid-19, une réaction immunitaire disproportionnée ?
08 avril 2020
Pourquoi certains patients développent une détresse respiratoire aiguë et d’autres non ? Une piste mène à une réaction excessive du système immunitaire, baptisée choc cytokinique. Celui-ci semble associé à une chute des lymphocytes T.
L’infection par le virus SARS-CoV-2 entraîne chez certains malades une détresse respiratoire aiguë. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), environ une personne sur cinq ou sur six atteinte du Covid-19 nécessite une hospitalisation. Et une majorité des malades hospitalisés présente une pneumonie sévère avec atteinte bilatérale. La dégradation de l’état de ces patients survient généralement le 7e jour après l’apparition des premiers symptômes.
A l’origine de cette dégradation, les médecins soupçonnent l’apparition d’un choc cytokinique, aussi qualifié d’« orage cytokinique ». Ce phénomène d’hyperproduction de cytokines provoque une réaction inflammatoire extrêmement forte, pouvant entraîner la défaillance d’un ou plusieurs organes, et la mort. Mais le mécanisme de ce phénomène est encore méconnu.
Moins de lymphocytes T chez les cas sévères
Afin d’en savoir plus, une équipe chinoise a comparé le comportement du système immunitaire de 10 patients présentant une forme modérée du Covid-19 et de 11 souffrant d’une forme grave. Leur constat est le suivant : « le nombre de lymphocytes T, en particulier CD4 et CD8, est corrélé à l’état du patient et pourrait donc constituer un marqueur immunologique important », explique l’Inserm. Dans le détail, ce nombre apparaît plus faible chez les patients sévères. Paradoxalement cela pourrait donc être associé à une réaction excessive du système immunitaire, entraînant une inflammation violente.
« Ces premiers résultats pourraient contribuer à l’élaboration de stratégies qui permettraient de mieux anticiper choc cytokinique, réponse inflammatoire et détresse respiratoire aiguë chez les patients atteints par le Covid-19 », estime l’Inserm.
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Source : Inserm, 1er avril 2020 - Journal of Clinical Investigation, 27 mars 2020
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet