Fait-on trop de césariennes en France ?
02 février 2015
En France, le taux de césariennes est stable depuis une dizaine d’années. ©Phovoir
Toutes les futures mamans se posent un jour la question : et si je devais accoucher par césarienne ? A l’heure actuelle, les médecins y recourent environ 1 fois sur 5. Faut-il chercher à faire baisser ce chiffre ? Est-ce réalisable ? Les réponses du Dr Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHRU Jeanne de Flandre (Lille) et secrétaire général du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français.
« Nous n’avons pas de chiffres très récents concernant la fréquence des césariennes, la France manque d’une base de données réactualisée régulièrement », regrette le Dr Deruelle. « La dernière enquête périnatale publiée en 2010 indique qu’elles concernent entre 20 et 21% des accouchements. » Après une très forte augmentation du taux de césariennes entre les années 1970 et 2000, leur fréquence est stable depuis une dizaine d’années. « A l’image de leurs confrères des pays nordiques, et contrairement aux Anglo-saxons ou aux pays du Sud, les médecins français ont rapidement pris conscience des risques engendrés par un recours trop systématique à cette pratique», explique le Philippe Deruelle.
L’idée que les médecins pratiqueraient des césariennes de confort pour partir plus vite en week-end a la vie dure. Mais dans notre pays, ces cas sont fort heureusement très minoritaires. Les obstétriciens, avant d’ouvrir, ont toujours à l’esprit qu’une césarienne est un acte chirurgical, avec ses possibles complications (hémorragie, infection, phlébite, adhérences, léger impact sur la fertilité…). Leur décision d’opérer en urgence repose donc sur des indications bien précises : troubles du rythme cardiaque fœtale, arrêt de la dilatation du col qui expose bébé à un accouchement à risque… Les césariennes dites préventives, c’est-à-dire programmées à l’avance, obéissent, elles aussi, à des impératifs bien précis : Bébé est mal positionné, il joue les prolongations, l’état de santé de sa maman ne permet pas d’envisager un accouchement par voie basse…
Objectif : conserver un taux stable
« Pour autant, nous devons rester vigilants et continuer de combattre certaines idées reçues », rappelle le Dr Deruelle. « Par exemple, un accouchement par voie basse est envisageable après un premier accouchement par césarienne. De la même façon, une présentation en siège ne nécessite pas forcément une césarienne. » Et contrairement à ce que les médecins ont longtemps pensé, un recours plus fréquent à la césarienne n’influe pas forcément sur le taux de morbidité périnatale. En Suède comme en France, où le taux de césariennes s’est stabilisé, le taux de morbidité périnatale continue de chuter.
« Bien que l’OMS recommande d’abaisser le taux de césariennes en-dessous des 15%, notre objectif est de rester stable. Chercher à le faire diminuer davantage nécessiterait des moyens financiers et humains dont nous ne disposons pas. Nous pouvons par contre encore améliorer la communication autour de cette pratique : les mamans doivent être mieux informées et se sentir pleinement partenaires de la décision », conclut-il.
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Source : Interview du docteur Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHRU Jeanne de Flandre (Lille) et secrétaire général du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, le 23 janvier 2015
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon