Famille recomposée : accueillir un nouveau-né, chargé de symboles
02 mars 2022
L’arrivée d’un nouveau-né dans une famille recomposée apparaît bien souvent comme un trait d’union, dans le processus de recomposition. La situation peut parfois s’avérer difficile à gérer pour les enfants issus d’unions précédentes. Une clé ? Le dialogue.
Selon la définition de l’Insee, « une famille recomposée comprend un couple d’adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d’une union précédente de l’un des conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font aussi partie d’une famille recomposée ». En France, 9% des familles sont ainsi recomposées. Elles ont en moyenne plus d’enfants à domicile (2,4) que les autres et 38% d’entre elles sont des familles nombreuses avec trois enfants ou plus. Contre 21 % de l’ensemble des familles.
Toujours d’après l’Insee, une famille recomposée sur deux comporte également au moins un enfant né du nouveau couple. Cet enfant commun porte de nombreuses valeurs symboliques : souhait de marquer un nouveau départ et d’écrire une histoire commune mais aussi de projeter un maintien des liens du nouveau couple, quoi qu’il advienne. Le nouveau-né est également souvent considéré comme un trait d’union voire de clé de voûte de la nouvelle structure familiale.
Ecouter, rassurer…
Dans tous les cas, comme l’explique la psychologue Diane Godin, « l’arrivée d’un bébé dans la famille recomposée transforme l’ensemble de la cellule familiale ». A ses yeux, « la décision d’avoir ou de ne pas avoir un enfant dans la nouvelle union dépend souvent de la présence des autres enfants, qui la freine ou la retarde ».
En effet, pour les enfants issus d’unions précédentes, cette arrivée peut aussi être perçue comme a« une menace » : menace « de perdre l’amour de son parent, la peur d’être oublié, ou relégué en deuxième position ». D’où l’importance bien sûr de prendre le temps de les écouter, de les laisser exprimer leurs émotions et leurs craintes. Puis de les rassurer. Et ce, dès la grossesse.
« Stratégie d’intégration »
La sociologue Justine Vincent (Centre Max Weber – ENS Lyon), s’est justement penchée sur « l’effet de la naissance d’un enfant commun sur les cadres temporels de la recomposition familiale ». Selon elle, « il ne semble pas abusif de parler d’une véritable stratégie d’intégration familiale. Car il s’agit de faire en sorte que les enfants déjà présents au sein du foyer recomposé – à temps plein, ou plus occasionnellement – soient pleinement impliqués dans un processus relationnel ». Enfin, elle relève une particularité ressentie par les parents : « une fois l’enfant né, sa présence ininterrompue au sein du foyer recomposé, face aux allées et venues des enfants issus d’une autre union, fait office de rappel de l’atypique de la situation familiale des protagonistes ».
Dans tous les cas, à la moindre interrogation ou crainte concernant un problème de positionnement d’enfant, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant, ou directement à un psychologue.
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Source : Insee Focus N°249, 13 septembre 2021, www.haptis.be/, site consulté le 1er mars 2022 - Justine Vincent, « La mise à l’épreuve des cadres temporels de la recomposition familiale : les effets de la naissance d’un enfant commun en famille recomposée », Enfances Familles Générations [En ligne], 29/2018
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet