Faut-il surveiller les grains de beauté chez l’enfant ?
03 janvier 2024
Nombreux sont les parents qui s’inquiètent, en toute légitimité, de grains de beauté à l’aspect douteux sur la peau de leur enfant. Mais y a-t-il un intérêt à les surveiller chez les petits ?
De nombreux parents consultent pour un grain de beauté (naevus ou nevus) « suspect » sur la peau de leur enfant. Mais est-ce utile ? En réalité, « la surveillance stricte des naevus chez les enfants n’est pas nécessaire, assure le Dr Olivia Boccara, dermatologue à l’Hôpital Necker Enfants-Malades (Paris), car le mélanome, une forme de cancer de la peau, est extrêmement rare chez les petits, voire pratiquement inexistant avant l’âge de 10 ans. »
« Bien que l’on puisse recommander de prêter attention aux naevus chez les enfants, résume la dermatologue, la surveillance stricte pour le mélanome n’est généralement pas nécessaire avant l’âge adulte en population générale, où le risque devient significativement plus élevé. »
A partir de 11 ou 12 ans
Si elles peuvent survenir, les lésions pédiatriques ont le plus souvent un pronostic très favorable, au contraire des mélanomes observés chez les adultes.
« Cependant, à partir de l’âge de 11 ou 12 ans, on peut commencer à prêter attention aux naevus et aux changements dans leur aspect, conseille le Dr Boccara, car c’est à ces âges que le nombre de mélanomes commence à augmenter tout doucement, pour devenir plus significatif chez les adolescents de 16-18 ans voire les jeunes adultes, avec quelques cas de mélanomes, même si cela reste assez rare. »
Le cas particulier des familles à risque de mélanome
À partir de l’adolescence et chez le jeune adulte, l’évaluation des facteurs de risque de mélanome est similaire aux adultes, afin de repérer ceux qui présentent un risque accru en raison de cas familiaux de mélanome ou de multiples naevus. Si un adolescent a un parent au premier degré, un grand frère ou une grande sœur, etc. chez qui on a déjà diagnostiqué au moins un mélanome, il est alors considéré comme un sujet à risque. Dans ce cas, l’évaluation précise de son risque de mélanome tiendra compte à la fois de ses facteurs de risque familiaux et de ceux qui lui sont propres, comme le nombre de naevus présents sur sa peau et son exposition au soleil. Cette évaluation permet de déterminer à quelle fréquence et à partir de quel âge le dépistage par examen de la peau doit débuter.
En effet, si l’adolescent a un nombre considérable de naevus sur sa peau, soit plusieurs dizaines (ce qui n’est pas très fréquent), « on pourrait envisager un début de dépistage un peu plus précoce, dès 12-13 ans, explique Olivia Boccara. En revanche, s’il a moins d’une dizaine de naevus, le processus de dépistage peut probablement être initié un peu plus tardivement. » De plus, l’examen tiendra compte de l’historique d’exposition au soleil, facteur de risque principal de mélanome. Si l’adolescent a eu une exposition solaire importante pendant son enfance, cela pourra en effet influencer la décision de débuter le dépistage à un âge plus jeune.
La photoprotection, non négociable chez l’enfant
La photoprotection, en particulier chez les enfants, est impérative. Il est recommandé de ne pas exposer les enfants au soleil avant l’âge de 3 ans, et prévenir tout coup de soleil, à grand renfort de vêtements couvrants et de couches épaisses de crème solaire d’indice SPF50. En effet, l’exposition intense au soleil pendant l’enfance est un facteur de risque évitable du mélanome à l’âge adulte. Ainsi, en adoptant des mesures préventives telles que la photoprotection, on contribue à réduire le risque de mélanome à l’avenir.
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Source : Intervention du Dr Olivia Boccara, dermatologue à l’Hôpital Necker Enfants-Malades (Paris) à l’occasion du congrès annuel de la société française de dermatologie (Journée dermatologiques de Paris ; décembre 2023)
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Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet