Faut-il vraiment vacciner les nourrissons contre la varicelle ?

Un vaccin contre la varicelle intégré au ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) devrait bientôt disposer d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France. A première vue, les arguments en faveur d’une vaccination généralisée ne manquent pas…

Mais à première vue seulement. Aux Etats-Unis, un taux de couverture chez l’enfant supérieur à 80% a permis une réduction d’environ 80% des hospitalisations et des décès liés à la maladie. Or “malgré un risque très faible de complications sévères, la très grande fréquence de la maladie conduit chaque année à plus de 1 000 hospitalisations et à une vingtaine de décès” en France, rappelle le Dr Daniel Lévy-Bruhl, de l’Institut de Veille sanitaire (InVS).

Mais, il y a un… mais ! Car “il faut (aussi) tenir compte des conséquences négatives liées à la diminution de la circulation du virus” poursuit ce dernier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) paru ce mardi matin. Ainsi une couverture vaccinale seulement moyenne -comme c’est actuellement le cas en France pour la rougeole- induirait une augmentation de l’âge moyen des cas de varicelle. Or précisément, le nombre et surtout la gravité des complications augmentent avec l’âge…

Le second risque souligné par le Dr Lévy-Bruhl serait induit, à l’inverse, par un taux de couverture élevé tel que permettrait de l’obtenir une vaccination systématique et généralisée. Il s’agirait de “l’augmentation de l’incidence du zona (cette maladie étant provoquée chez l’adulte par un virus dormant de la varicelle, n.d.l.r.). Et celle-ci pourrait persister pendant plusieurs décennies. (…)“. Pour l’heure, les données américaines ne permettent pas d’écarter ce risque.

“En tout état de cause, que la vaccination soit ou non recommandée pour les nourrissons, il importera de veiller au niveau de couverture vaccinale atteint. Une couverture moyenne constituerait une situation préoccupante. Il appartiendra à chacun des acteurs de veiller ensemble à éviter un tel scénario“.

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  Source : BEH, n°8/2005