Comment un seul spermatozoïde parvient-il à féconder un ovule?

29 juillet 2019

Comment expliquer que 200 millions de spermatozoïdes sont nécessaires pour féconder un seul et même ovule ? En cause, les défenses immunitaires de la femme bombardent les gamètes mâles. Explications.

La nature est bien faite : spontanément, le système immunitaire de l’utérus se réveille lorsque 200 millions de spermatozoïdes envahissent son territoire. Ainsi, l’organisme de la femme se retourne contre ces gamètes et les détruit en émettant un nombre considérable de macrophages et de neutrophiles. Des cellules du système immunitaire réagissant lorsqu’un corps étranger pénètre dans l’organisme.

En moyenne, seuls quelques centaines de gamètes mâles survivent et parviennent à remonter jusqu’aux trompes de Fallope. Là où la fécondation peut avoir lieu.

Selon Pascal Gagneux, anthropologiste à l’Université San Diego (Californie), « un échantillon de sperme aussi dense est nécessaire pour qu’une seule gamète ne soit finalement élue ». Comme si la sélection devait, dès le départ, être rude. Il semble aussi que « la destruction d’autant de gamètes est bénéfique ». En effet, cette stratégie défensive de l’utérus permet la protection « contre la polyspermie, c’est-à-dire quand plusieurs gamètes mâles parviennent à féconder l’ovule ».

Comme une poignée de main

En y regardant de plus près, l’équipe de Pascal Gagneux a découvert que les cellules de l’utérus portent des récepteurs capables de reconnaître les spermatozoïdes. Plus précisément, elles reconnaissent les gamètes mâles « saines » en fonction de leur compatibilité chimique avec l’acide silique entourant les spermatozoïdes. Un phénomène schématisé par les scientifiques sous la forme d’une poignée de main entre les deux gamètes.

C’est là qu’une réaction immunitaire peut déclencher la destruction du spermatozoïde et donc empêcher la fécondation. C’est donc à ce niveau que les chercheurs pourraient trouver une solution pour permettre la survie des gamètes mâles en cas d’infertilité. Affaire à suivre.

A noter : l’incompatibilité immunologique entre le sperme et le mucus de la femme constitue une cause d’infertilité dans un couple. Elle est recherchée par le test post-coïtal dit test d’Hühner.

  • Source : Journal of Biological Chemistry, le 18 juillet 2019 - Société française d’endocrinologie, site consulté le 19 juillet 2019

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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