Femmes : jeunes et moins jeunes, prenez soin de votre cœur !

08 mars 2018

Les femmes sont de plus en plus exposées aux maladies cardiovasculaires. Et les jeunes ne sont pas épargnées par ces pathologies qui tuent 8 fois plus que le cancer du sein. Les précisions du Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération Française de Cardiologie.

En France, les pathologies cardiovasculaires constituent aujourd’hui la première cause de mortalité dans la population féminine. Entre 2008 et 2013, les hospitalisations pour infarctus du myocarde chez les femmes de 45-84 ans ont augmenté de 4,8%. Et les jeunes en sont de plus en plus victimes.

Le tabac, premier facteur de risque environnemental

Les maladies cardiovasculaires sont en partie d’origine génétique. Mais « on ne devient pas coronarien par hasard », explique le Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération Française de Cardiologie à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars. Le tabac est de loin l’agent le plus toxique. « Une cigarette suffit à provoquer des spasmes artériels. A partir de 3 cigarettes par jour, le risque d’infarctus du myocarde est multiplié par 2 ». Et l’impact est bien réel : un infarctus sur deux avant 50 ans est lié aux méfaits du tabac. Or selon un récent sondage IFOP*, seules 28% des Françaises estiment qu’une diminution ou un arrêt du tabac participerait à une meilleure santé cardiovasculaire.

Deuxième et troisième facteur de risque, « l’excès de cholestérol** et le stress ». La prise d’un contraceptif expose aussi à la fragilité cardiovasculaire. D’ailleurs, « toutes les victimes jeunes sont des fumeuses sous contraceptif », détaille le Pr Mounier-Vehier. Autres points, les personnes exposées à la précarité et/ou sujettes à la migraine souffrent davantage de troubles cardiovasculaires.

L’alcool favorise aussi la prise de poids et active le système nerveux sympathique, mécanismes dangereux pour le coeur. Tout comme la prise de cocaïne qui provoque des spasmes coronaires et donc  des infarctus. Enfin, le surpoids déclenche tout un processus inflammatoire qui accélère le développement de la maladie athéromateuse.

Le poids de tous ces facteurs environnementaux est tel que, selon l’OMS, adopter une meilleure hygiène de vie réduirait de 80% la survenue de ces maladies cardiovasculaires chez les femmes.

« En touchant les artères, les maladies inflammatoires*** comme le psoriasis, les atteintes rhumatismales et le lupus constituent aussi des facteurs de risques. »

Un bon degré d’information ?

Selon le même sondage IFOP, 78% des femmes ont conscience qu’elles sont autant concernées que les hommes par les maladies cardiovasculaires. « Les patientes me semblent en effet de mieux en mieux informées sur les symptômes qui doivent alerter », raconte le Pr Mounier-Vehier.

Mais le corps médical « ne s’arrête pas suffisamment sur un stress accru ou une fatigue anormale, signes souvent associés à un simple surmenage. Et beaucoup de femmes ont tendance à garder pour elles une baisse de tonus ». Le diagnostic doit pourtant être envisagé dès lors qu’une patiente présente un ou plusieurs de ces symptômes : « des palpitations à l’effort, un essoufflement dans les tâches du quotidien, une fatigue persistante ou encore des perturbations digestives (nausées, vomissements…) ».

En première ligne, « la médecine du travail et les médecins généralistes doivent écouter le ressenti des femmes et prescrire des examens chez le cardiologue et/ou le pneumologue au moindre doute ». Les gynécologues sont aussi concernés pour prendre en charge les femmes au plus tôt. D’autant que les variations hormonales pendant la grossesse et la ménopause constituent des périodes fragilisantes pour la santé cardiovasculaire des femmes.

*Réalisé pour la Fédération Française de Cardiologie, auprès de 1 054 Françaises représentatif de population féminine, par un questionnaire auto-administré en ligne du 26 au 29 janvier 2018

**Seules 20% des Français interrogées dans le sondage IFOP mangent entre 5 fruits et légumes par jour

***Et les traitements associés

  • Source : Interview du Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération Française de Cardiologie, le 6 mars 2018

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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