Femmes médecins : quid de la discrimination ?
26 novembre 2021
A quel point le genre féminin peut-il être un frein à l’exercice médical ? Les carrières des femmes comportent-elles plus d’obstacles que celle des hommes ? Une enquête a été menée à ce sujet auprès de 1 006 soignantes et soignants.
Aujourd’hui, la moitié des médecins en France sont des femmes. Leur quotidien et le déroulement de leur carrière sont parfois semés d’embûches. Pour mieux décrire ce phénomène, Medscape a mené l’enquête* auprès de 1 006 femmes et hommes. Questions de départ : « quel regard portent les patients lorsque c’est une praticienne ou un praticien ? L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est-il plus impacté chez la femme ? Quelle confiance ont-elles en leur leadership sur leur lieu de travail ? »
Ce qu’il faut retenir de cette étude :
Sur les plans professionnel et relationnel :
– Les discriminations liées au genre sur le lieu de travail concerneraient 2 femmes sur 5, contre 4 hommes sur 50 ;
– 62% des personnes interrogées confirment être plus familières dans leurs échanges quand il s’agit d’une femme plutôt que d’un homme. Précisément, 51% des hommes « tutoient les femmes, les appellent par leur nom ou leur prénom au lieu de les appeler ‘Docteur’ » ;
– Plus de 33% des femmes médecins sont confondues avec des praticiennes moins qualifiées qu’elles (infirmières, aides-soignantes…). Une donnée qui atteint seulement 19% chez les hommes.
Sur le déroulement de carrière et l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle :
– Pour 44% des femmes, le genre féminin influence négativement leur carrière, et 25% confirment un impact négatif sur leurs revenus ;
– « De nombreuses praticiennes ont exprimé des regrets sur le fait de ne pas avoir eu plus d’enfants ou encore sur le manque de temps qu’elles peuvent leur consacrer, notamment en raison des gardes », souligne Véronique Duquéroy, directrice Medscape Editorial.
– Une cardiologue de 44 ans témoigne : « on m’a proposé un poste de CCA [chef de clinique assistant] en me demandant de ne pas faire de bébé pendant ce temps […] J’ai mis 10 ans pour avoir 2 enfants […]. Mes collègues m’ont détestée, mon patron me reproche de prendre mes congés : inadmissible pour lui d’en prendre autant quand on travaille en CHU » ;
– Quand un enfant est malade, 21% des femmes médecins restent à la maison pour s’en occuper contre 6% des hommes.
Sur le plan personnel :
– Le degré de confiance en soi est moindre chez les femmes. En doutant de leurs compétences, elles sont nombreuses à ne pas mener à terme « leur négociation d’une augmentation de salaire : 50% s’estiment malhabiles [dans ce domaine, ndlr] contre 29% des hommes » ;
– 61% des femmes disent adapter leur personnalité pour une meilleure reconnaissance. « Pour réussir, j’ai dû adopter les codes masculins et surtout ne jamais montrer ma vulnérabilité en tant que femme. C’est désolant, mais cela perdure encore en 2021 pour mes jeunes collègues », décrit une médecin généraliste aujourd’hui âgée de 50 ans.
*« 1006 médecins exerçant en France et membres des sites Medscape/Univadis ont participé à un sondage en ligne entre le 20 avril et le 15 août 2021. La moitié était des femmes. 44% des répondants exerçaient en hôpital et 58% étaient salariés. La grande majorité (78%) exerçaient à temps plein. 85% avaient des enfants, dont 32% avec au moins un enfant habitant à la maison. 23% des répondants étaient médecins généralistes*. Les autres spécialités les plus représentées étaient l’anesthésiologie (8%), la psychiatrie (7%), la médecine d’urgence (6%) et la pédiatrie (5%). »