Fibrillation atriale : redonnez de la vigueur à votre cœur

22 novembre 2017

Une des pathologies cardiaques les plus répandues, la fibrillation atriale reste encore peu connue du grand public. Sous-diagnostiquée, elle figure pourtant parmi les causes les plus importantes de l’accident vasculaire cérébral (AVC). Dépistée précocement, elle peut être guérie de façon mini-invasive, en alternative aux traitements médicamenteux. A l’occasion de la Semaine européenne de la fibrillation atriale (20-26 novembre), zoom sur cette affection aux symptômes peu évocateurs.

Le terme fibrillation atriale (FA) n’est pas encore passé dans le langage courant, comme peuvent l’être l’infarctus du myocarde ou l’insuffisance cardiaque. Et pourtant, la FA constitue le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent, avec 33 millions de patients dans le monde. « En France, l’incidence de la FA dans la population générale est de l’ordre de 1% », explique le Dr Serge Boveda, cardiologue à la Clinique Pasteur de Toulouse. La FA est repérée lorsque « les contractions de l’oreillette gauche du cœur sont irrégulières ». Le sang s’évacue mal et stagne dans cette partie du muscle cardiaque.

Principaux facteurs de risque : l’âge et le profil cardiovasculaire

« L’âge est le facteur de risque principal de la FA : avant 50 ans, l’incidence dans la population est de 0,1%. Cette donnée passe à 1% après 70 ans et peut atteindre jusqu’à 5% après 75 ans ». En cause, « la dilatation et la fibrose des cavités gauches du cœur de plus en plus importantes avec les années ». L’hygiène de vie, et son impact sur le muscle cardiaque, entrent aussi en ligne de compte : « le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité, l’apnée du sommeil, toutes ces comorbidités ont aussi un impact négatif sur la FA. Les patients qui cumulent plusieurs de ces facteurs ont un risque élevé de développer ce trouble du rythme cardiaque », détaille le Dr Boveda.

Mais quels sont les risques associés à la FA ? « La dilatation et la mauvaise contraction d’une partie du cœur, les cavités auriculaires, peuvent entraîner la formation d’un caillot sanguin et ainsi, altérer l’irrigation du cerveau. Un mécanisme à l’origine d’un accident vasculaire cérébral (AVC), avec un risque lui aussi majoré si plusieurs des comorbidités déjà citées sont présentes ». Précisément, « en France, 3 AVC sur 10 sont la conséquence directe de la fibrillation atriale ». Aujourd’hui, on estime que les patients atteints de FA ont cinq fois plus de risques de faire un AVC que la population générale.

La prise de pouls chez le médecin généraliste, indicateur indispensable

Dans certains cas, les patients sont asymptomatiques, la FA est alors qualifiée de silencieuse. Dans un premier temps, « la prise du pouls chez le médecin généraliste est indispensable pour détecter une arythmie ». Un geste essentiel notamment « pour orienter le patient au plus tôt chez un cardiologue si une FA est suspectée. Un électrocardiogramme viendra ensuite confirmer le diagnostic, examen à pratiquer de façon systématique passé 65 ans en cas de pouls irrégulier ». Dans sa forme non silencieuse, cette arythmie nécessite aussi une prise de pouls et un électrocardiogramme car les symptômes ne sont pas toujours typiques et peuvent être associés par erreur à d’autres maladies que la FA. Les symptômes de cette arythmie correspondent à des essoufflements, des vertiges, de la fatigue, des douleurs dans le thorax ou encore des malaises et des palpitations.

Traitement curatif : détruire spécifiquement les zones atteintes, par la congélation à -50°C

Lorsque le diagnostic est posé et selon le type de FA, une des approches thérapeutiques pouvant être proposée aux patients est une technique mini-invasive permettant de supprimer la survenue de ce trouble du rythme cardiaque. Il s’agit de l’ablation par cryothérapie (ou cryo-ablation). Une technique curative efficace dans 80% des cas, 1 an après l’intervention, lorsque la maladie est prise en charge dans sa forme précoce.

L’ablation par cryothérapie consiste, pour le cardiologue, à atteindre les zones cardiaques malades. « Grâce à des cathéters, il amène des petits ballons de gaz refroidis à -50°C au contact des cavités auriculaires. Ce geste permet de cibler les tissus abîmés et de les détruire par la congélation. » L’intervention dure 1 heure, sous anesthésie locale ou générale selon les cas. « Elle ne relève pas de la chirurgie, se réalise par voie vasculaire et ne nécessite donc pas l’ouverture du cœur », rassure le Dr Boveda. Les douleurs post-opératoires et les cicatrices sont donc évitées. « Le temps d’hospitalisation est compris entre 24 heures et 48 heures selon les patients ». Et généralement dans la semaine suivant le retour à la maison, le patient retrouve toute son autonomie.

  • Source : interview du Dr Serge Boveda, cardiologue à la Clinique Pasteur de Toulouse, le mardi 24 octobre 2017.

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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