Fibromes utérins : fréquents mais bénins

27 avril 2015

« Seulement un tiers des fibromes utérins sont à l’origine de symptômes », explique le Pr Hervé Fernandez, chef de service de Gynécologie – Obstétrique à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Paris). « Et seuls les fibromes symptomatiques nécessitent une prise en charge ». Les fibromes utérins symptomatiques touchent près de 10% de la population féminine et environ 32 000 chirurgies du fibrome utérin sont pratiquées ces dernières années.

« Un fibrome utérin correspond à l’apparition dans la paroi de l’utérus, d’une tumeur non cancéreuse au niveau des muscles et des fibres », indique le Pr Fernandez. Il concerne 20% à 50% des femmes de plus de 30 ans et cela augmente avec l’âge chez les femmes non ménopausées. Notre spécialiste fait la distinction entre les femmes caucasiennes et les afro-antillaises. « Avant d’atteindre la ménopause, parmi les premières, plus de la moitié présentera un fibrome utérin et pour les secondes, on estime que la prévalence est de plus de huit sur dix ». C’est dire si le fibrome utérin est une des affections gynécologiques les plus fréquentes.

Les fibromes utérins ne relèvent d’aucune origine précise. « Nous savons qu’il peut y avoir un excès hormonal au niveau de l’utérus, mais ce dernier n’en est pas la cause directe. Il y a des facteurs favorisant tels que les antécédents familiaux qui restent marginaux par rapport à une situation qui est en fait purement physiologique, puisque cette affection est hormono-dépendante ». En effet, les fibromes utérins surviennent chez les femmes en âge de procréer : « Ils arrêtent de croître à partir de la ménopause parce qu’il n’y a plus de stimulus hormonal », explique le Pr Fernandez.

Ce dernier tient toutefois à rassurer. « C’est une pathologie totalement bénigne dans la mesure où elle ne dégénère jamais. Seulement un tiers des fibromes vont provoquer des symptômes : saignements, douleurs, compression de la vessie ».

Des symptômes minimisés ?

D’après l’enquête “Femmes et fibromes utérins en 2013” réalisée à la demande de Gedeon Richter France, près d’1 femme sur 10 âgée de 30 à 55 ans souffre de fibromes utérins symptomatiques aujourd’hui en France. Les saignements abondants représentent le symptôme le plus impressionnant et concernent près de trois quarts des patientes. Ils peuvent dans certains cas être responsables d’une anémie et donc de fatigue. « D’ailleurs, parmi les 32 000 femmes qui doivent subir une intervention chirurgicale en France chaque année, près de 10% souffrent d’une carence en fer (anémie) ».

De manière générale, les femmes ont tendance à « vivre avec » leurs symptômes et ne consultent pas. Le Pr Fernandez précise qu’« une femme sur deux se trompe sur la quantité de sang perdu et la minore. Et dans la conscience populaire, nous considérons qu’avoir mal au ventre pendant les règles est normal. Cela explique pourquoi beaucoup de patientes ne vont pas consulter ».  Ainsi, pour un nombre important de femmes, le recours à un médecin et la prise en charge des symptômes sont tardifs.

Pour le Pr Fernandez, il est toutefois important de rappeler que « les fibromes qui n’entraînent aucun symptôme ne nécessitent aucun traitement ». C’est bien entendu votre gynécologue qui saura déterminer la meilleure prise en charge si nécessaire.

  • Source : Interview du Pr Hervé Fernandez, 20 février 2015 - HAS. Myomectomie vaginale rapport d’evaluation technologique. Juin 2008 - H.Fernandez, N. Chabbert Buffet, S. Allouche. Prévalence du fibrome utérin en France et impact sur la qualité de vie à partir d’une enquête menée auprès de 2 500 femmes de 30-55 ans. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, 2014. 43, 721-727

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche

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