Filiation : comment se construire quand l’un des parents ne reconnaît pas son enfant ?
08 juin 2023
Pour de nombreuses raisons, élever un enfant seul n’est aujourd’hui pas une situation extraordinaire. Mais comment réagir lorsque l’autre parent est parti et ne veut pas s’impliquer ? Comment l’expliquer à son enfant ? Quelles peuvent être les répercussions sur ce dernier ? On fait le point avec Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne, spécialiste de l’enfance, de l’adolescence et de la famille.
Elever en enfant en solitaire peut être source d’appréhension pour de nombreuses personnes. « Face aux modèles sociaux renvoyés, notamment au sein de l’école, l’enfant va s’interroger sur sa situation familiale », commence Aline Nativel Id Hammou. « Et pourquoi j’ai pas de papa ? », peut-il s’interroger
Certains parents solos s’inquiètent d’éventuelles répercussions liées à l’absence, mais la psychologue – qui prend soin de préciser que chaque situation est unique – explique « qu’avec un discours adapté, rien n’empêchera l’enfant de se développer normalement. »
Misez sur la sincérité
Contexte de la séparation, de l’arrivée de l’enfant… « Il est important de parler clairement de la situation », note Aline Nativel Id Hammou. « Et ce même s’il ne pose pas de questions. Car votre enfant en aura forcément. Le fait qu’il ne vous interroge pas est peut-être une façon pour lui de vous protéger. Essayez d’être le plus objectif possible, d’être dans la bienveillance (à condition bien sûr que la situation ne soit pas dramatique … Rien ne sert de blâmer l’autre ni de manifester votre tristesse en sanglotant dans le bras de votre fils ou votre fille. »
« L’enfant ne va pas forcément sentir de manque d’affection ». L’important étant, pour la psychologue, de mettre aussi l’accent sur ce qu’elle nomme « les figures d’attachement », à savoir les grands-parents, les oncles, les tantes etc.
Eviter le « ricochet »
La façon de raconter l’histoire est d’autant plus importante qu’elle évitera tout risque de ricochet. En clair, que l’enfant se sente responsable de la rupture de ses parents. « Cette culpabilité pourrait mener à des difficultés relationnelles, à des troubles du comportement, à une incapacité à se sentir aimé… Tout ceci pourrait aussi se répercuter sur la scolarité et son estime de soi. »
Des recommandations parfois plus faciles à énoncer qu’à mettre en application. Un conseil donc, « autorisez-vous à coucher l’histoire sur papier et triez ce que vous aimeriez partager. Si vous rencontrez des difficultés, parlez-en à votre entourage. Et si vraiment vous êtes angoissé, un pédopsychiatre ou un psychologue de la famille pourra vous accompagner en mettant en place une guidance parentale. »
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Source : Interview d’Aline Nativel Id Hammou psychologue clinicienne, spécialiste de l’enfance, de l’adolescence et de la famille à Nanterre.
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet